L’usine de la célèbre eau minérale gazeuse Perrier à Vergèze risque de perdre son label d’eau minérale naturelle, un coup dur pour la marque ?
À Vergèze, dans le Gard, Perrier fait face à une crise majeure. Un rapport confidentiel de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie met en lumière des risques sanitaires liés aux captages d’eau utilisés pour produire son eau minérale naturelle. Ce document, obtenu par Le Monde et Radio France, préconise un arrêt de la production d’eau minérale sur le site.
L’ARS Occitanie pointe une qualité sanitaire dégradée et un risque virologique lié aux captages. Elle recommande à Nestlé Waters, propriétaire de la marque, d’envisager un autre usage alimentaire pour cette eau, à condition de garantir des normes sanitaires renforcées. Cette situation menace directement le label d’eau minérale naturelle, essentiel à la notoriété de Perrier depuis plus d’un siècle.
La décision finale revient à la préfecture du Gard, qui examine actuellement la demande de renouvellement d’autorisation d’exploitation déposée en octobre 2023. La préfecture a indiqué que l’arbitrage, basé notamment sur l’avis d’hydrogéologues, pourrait intervenir au premier semestre 2025.
Des contaminations préoccupantes à l’usine Perrier de Vergèze
Sur demande du préfet du Gard, Jérôme Bonet, des inspections menées par l’ARS Occitanie le 30 mai dernier ont révélé des contaminations bactériennes inacceptables pour une eau minérale naturelle. En avril, un épisode de contamination par des germes fécaux avait déjà conduit à l’arrêt d’un puits et à la destruction de trois millions de bouteilles. De nouveaux contrôles ont montré une instabilité persistante de la qualité de l’eau brute, avec la présence de micro-organismes prohibée par la réglementation. Malgré des mesures de microfiltration renforcées pour masquer ces défauts, les agents de l’ARS jugent ces solutions non conformes, soulignant que l’eau minérale doit provenir de sources naturellement préservées.
Des risques virologiques et un avenir incertain
Le rapport de l’ARS pointe également un potentiel risque virologique (adénovirus, norovirus, hépatite A), car les microfiltres utilisés ne retiennent pas les virus. Malgré des alertes déjà formulées, ce danger semble avoir été négligé par les autorités. La commission d’enquête du Sénat, dirigée par le sénateur Alexandre Ouizille, entend vérifier les accusations de manipulation à l’encontre de Nestlé. La préfecture du Gard doit désormais statuer sur le renouvellement de l’autorisation d’exploitation de la source Perrier, déposé en octobre 2023.
Le site de Vergèze, où travaillent près de 1 000 salariés, est au cœur de cette incertitude. Un arrêt de production pourrait avoir de lourdes conséquences économiques pour la région. L’avenir de cette marque emblématique reste suspendu à cette décision administrative cruciale. La marque « Maison Perrier » stratégiquement lancée en mars 2024, permet déjà à Nestlé Waters de vendre de l’eau non minérale, un tour de passe-passe bien anticipé de la part du groupe.
