Le CHU de Montpellier, en collaboration avec la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU), vient de publier les résultats d’une étude mettant en lumière des disparités significatives dans la prise en charge d’urgence en fonction du sexe et de l’origine ethnique des patients. Le Professeur Bobbia, chef des urgences du CHU, engagé dans la lutte contre les inégalités en santé, a dirigé cette recherche.
L’étude a été réalisée auprès de 1563 professionnels de la santé dans 4 pays (France, Suisse, Belgique, et Monaco) et s’est servi d’un cas clinique standard d’un patient présentant une douleur thoracique. Les participants ont dû évaluer le niveau de gravité de ce cas clinique, avec une différence cruciale : la description du patient variait en termes de sexe et d’origine ethnique. Les résultats ont révélé des différences significatives dans la perception de l’urgence en fonction de ces caractéristiques.
Des résultats qui interpellent
Les conclusions de l’étude sont parlants. Lorsque le cas clinique était associé à une image d’homme, il a été considéré comme une urgence vitale dans 62% des cas, contre 49% lorsque l’image était celle d’une femme, une différence de 13%. De même, lorsque l’apparence ethnique blanche, le cas était jugé une urgence vitale dans 58% des cas, contre 47% pour une apparence noire, une différence de 11%. Enfin, quand l’image associée était une image d’homme blanc, dans 63% des cas, l’urgence vitale a été considérée contre 42% quand c’était une apparence de femme noire, une différence 21%.
« Autrement dit, un homme blanc aurait 50% de chance supplémentaire qu’une femme noire d’être considéré comme une urgence vitale quand il consulte dans un service d’urgence pour une douleur thoracique », déclare le CHU de Montpellier dans un communiqué. L’article, publié dans l’European Journal of Emergency Medicine, est accessible en libre accès.
Le CHU de Montpellier s’engage dans la lutte contre les inégalités
Le CHU de Montpellier prend des mesures afin de combattre les inégalités en santé. Un plan en quatre étapes a été mis en place, comprenant :
- l’objectivation des tendances discriminatoires,
- la mobilisation des soignants autour de valeurs humanistes et d’équité,
- l’implémentation d’outils standardisés pour éviter les biais d’évaluation à l’accueil des urgences,
- une étude multicentrique est en cours et vise à développer un outil d’intelligence artificielle pour évaluer la gravité des patients consultant pour douleur thoracique.