L’ancien Premier Ministre d’Emmanuel Macron a fait halte à Nîmes pour défendre les couleurs de son parti Horizons dans le Gard, en vue des législatives. Nous en avons profité pour le sonder.
En une heure d’échanges, aucun mot des candidats n’a été murmuré, seul le timbre résonnant d’Edouard Philippe a nourri les curiosités des nombreux journalistes. Qui donc était en campagne ce mercredi 26 juin chez Jérôme Nutile à Nîmes ? Acquiesçant aux propos de leur patron, Sophie Pellegrin-Ponsole (2e circonscription) et Christian Baume (3e circonscription), ont été exonérés d’un quelconque laïus pour remporter leur circonscription. Au cœur des convoitises, la stratégie nationale d’Edouard Philippe pour parsemer l’Assemblée nationale d’un maximum de députés de sa confrérie, la nature de sa relation avec Jupiter, puis l’horizon qui se profile vers la présidentielle de 2027…
« Je ne vous répondrai pas »
L’ancien Premier Ministre entend bien « nourrir un espace politique plus large, ouvert et solide, aux Français qui n’ont pas envie d’être sous la tenaille infernale RN et LFI ». Entendez, une union qui va des sociaux-démocrates à la droite conservatrice, pied de nez à Renaissance. Seulement, la gauche est-elle encline à rejoindre la famille au vue des mesures libérales votées sous l’ère Macron/Philippe ? Quid de la frange droite de la droite de l’échiquier politique. Edouard Philippe fait-il également du pied à ceux tentés par la poésie d’un Eric Ciotti s’alliant au parti lepéniste RN ? Le défi centriste est colossal dans le Gard ou 4 circonscriptions sur 6 étaient dans l’escarcelle du RN.

« On ne peut pas tout faire et tout faire bien »
Le divorce est-il consommé avec Emmanuel Macron ? Tout porte à croire que oui, à la lumière d’une émancipation de l’aura présidentielle qui ne dit pas son nom. Quant à la dissolution de l’Assemblée nationale, Edouard Philippe a été « prévenu une demi-heure avant l’annonce publique », nous apprend-t-il, une pointe d’agacement dans la voix. Même s’il en a « pris acte, elle suscite beaucoup de questionnement et un peu de colère », c’est le moins que l’on puisse dire au vu de cette campagne éclair qui frôle la non démocratie.
Soit, pour espérer une majorité à l’Assemblée, le patron Horizons part en famille, d’où la présence des candidats gardois de Renaissance, Valérie Rouverand et Nadia El Okki, et d’Aurélien Colson du Modem, candidat sur la 6e circonscription du Gard. Horizons aujourd’hui, ce sont « 27 000 adhérents, un groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat », qui justifie une « indépendance financière et politique assumée ». Le maire du Havre, qui ne peut pas faire cavalier seul, nuance toutefois : « l’indépendance n’est pas l’isolement, ni le reniement du passé ». Quant à sa consigne de vote au second tour, il n’en divulguera pas, rappelant le « bloc centriste » qu’il tente de construire.

« J’ai été informé deux jours avant l’annonce publique »
A-t-il une part de responsabilité dans la déconfiture d’Emmanuel Macron ? Lui, ayant été à la manette des décisions publiques pendant plus de trois ans, bras droit du Président ? « Quand on est responsable politique, on ne peut pas tout faire, et tout faire bien », rétorque-t-il à InfOccitanie. Avant de poursuivre : « nous avons transformé le pays de façon à ce qu’il y ait plus d’investissement industriel, plus de créations d’usines, […] plus de 900 000 apprentis aujourd’hui en France ». Le bilan est donc selon lui loin d’être négatif, « je refuse l’idée que tout est noir ».
Un mot à dire aux Gardois charmés par le RN ? « Les propositions du RN changent beaucoup, ils veulent sortir de l’Union européenne, puis ils ne veulent plus, sortir de l’OTAN, puis plus, la position définitive du RN est difficile à saisir », tranche-t-il. Une chose est sûre, « leur programme », mènera à « une instabilité financière qui se fera sentir chez les plus modestes ». Quand à Jean-Luc Mélenchon, qui a pour « objectif de transformer un peuple révolté en un peuple révolutionnaire », selon la formule consacrée reprise par Edouard Philippe, ce n’est tout simplement pas « la voie démocratique » à suivre.
« Les propositions du RN changent tout le temps »
Dernière démonstration de force, l’abaissement de l’âge de départ à la retraite promis par le RN et LFI. Le président Horizons convoque l’exemple de l’Espagne et de l’Italie, voisins directs, à l’opposé de l’échiquier politique, qui avaient un temps proposé cette mesure. « Ils ont finalement augmenté l’âge de départ à la retraite », précise-t-il. Méfi donc aux « belles promesses avec la bouche en cœur ». Le meilleur pour la fin, Edouard Philippe sera-t-il candidat à la présidentielle 2027 ? Evidemment, vous n’en saurez rien ! « Je ne vous répondrai pas, je sais exactement ce que je veux », répond il d’un ton amusé, provoquant des gloussements dans l’auditoire. Le temps est donc aux législatives. « C’est leur campagne », la vôtre aussi, non ?