Un « plan d’action » face à la nouvelle présidence américaine
« Nous devons partir du réel pour aller vers l’idéal », entame Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, dans son propos introductif, reprenant Jean Jaurès. Le réel, en l’occurrence, est marqué par la présidence de Trump et ses conséquences sur le tissu économique français. « Un tournant inquiétant pour l’équilibre mondial », déploré par la présidente, entrainant dans son sillage un risque pour la « souveraineté des peuples », le « mépris des engagements climatiques », ou encore « la manipulation de l’information ». Face à ce virage géopolitique, la présidente d’insister sur une « Europe forte » qui protège son économie et repose sur un couple franco-allemand « solide ». Pour la solidité de la France, on repassera, au regard de son déficit qui se dirige vers les plus de 6% et de son instabilité institutionnelle. « Lorsque nous aurons plus de visibilité sur les actions décidées par Donald Trump, nous prendrons le temps de la concertation avec les acteurs de la viticulture, de l’agroalimentaire, de l’aéronautique, du spatial, et nous proposerons au mois de juin un plan d’action spécifique », annonce Carole Delga.
Non-censure par le PS, « un choix responsable »
La même qui a mis fin au suspense en réfutant une candidature à la mairie de Toulouse en 2026, insiste : le budget du gouvernement Bayrou adopté au forceps n’est pas celui « que la gauche aurait voulu ». Il est toutefois jugé nécessaire pour permettre une continuité des services publics et « donner un signal de stabilité sur les marchés financiers et internationaux ». Un positionnement de non-censure du PS largement décrié au sein de la gauche et notamment chez les Insoumis. « La non-censure n’est pas une approbation, mais un choix responsable pour ne pas ajouter du chaos institutionnel », argue Carole Delga.
« Nous sommes la première Région en termes d’investissement par habitant »
La présidente de déplorer plus de 400 millions d’euros de baisse de dotations de l’Etat sur trois exercices budgétaires, « alors que nous avons la plus forte croissance démographique de France, 40 000 habitants supplémentaires chaque année, avec un revenu par habitant inférieure à la moyenne nationale et de fortes disparités territoriales ». La Région conserve une capacité de désendettement de 7,2 années, « loin du seul d’alerte », et 70% des investissements sont réalisés sur ses ressources propres. Les dépenses de fonctionnement sont « maitrisées » à plus 0,8%, ainsi que la masse salariale de 17,8% contre 19,1% pour la moyenne des Régions. Carole Delga de se réjouir : « nous sommes la première Région de France en termes d’investissement par habitant », (177 euros par habitant).
3,55 milliards d’euros de budget et 5 priorités
Le budget régional de 3,55 milliards d’euros a été voté, dont 1,7 milliard en investissement. Il fixe 5 priorités : le pouvoir d’achat des familles, l’emploi, la santé, la décarbonation du modèle de développement et l’action populaire et citoyenne. Les transports représentent 1,108 milliards du budget, la souveraineté économique, la réindustrialisation et l’emploi 288,7 millions d’euros, l’agroalimentaire pèse pour 270,4 millions d’euros. La Région insiste sur le maintien des aides avec la rentrée scolaire « la moins chère de France« , la gratuité d’usage des trains et des cars liO pour les 12-26 ans ou encore les trains à 1€ pour tous les salariés. Mais aussi, la concrétisation de projets pour l’Occitanie et ses habitants comme la mise à l’eau des premières éoliennes en mer à Port-la Nouvelle, la réouverture de la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon, la construction du Technocampus Hydrogène Occitanie, le recrutement du 100ème médecin par la Région ou encore l’ouverture d’un nouveau lycée à Auterive.
140 millions d’économies
Parmi les économies prévues par la Région : 47,7 M€ d’économies de report des acquisitions de matériel roulant ; 9,3 M€ de chasse aux doublons avec l’État, comme par exemple sur les guichets de la rénovation énergétique (2 M€ d’économies par an) – désormais financés par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ; 7,5 M€ de baisse minimum de 5% des subventions récurrentes et des cotisations aux organismes extérieurs ; 6 M€ d’optimisation énergétique dans les lycées et enfin, 6 M€ d’optimisation dans les transports scolaires.
Au-delà des économies, la Région Occitanie mettra en place le versement transport en 2026, pour les entreprises de plus de 11 salariés, et actualisera en juillet 2025 les tarifs de la taxe sur les cartes grises. Cette possibilité a été donnée par la loi de finances 2025 de l’État.
Une « escapade en Chine et au Japon pour 80 000 euros »
Yoann Gillet, député RN du Gard, président du groupe RN à la Région, est catégorique : « ce budget, c’est du jamais vu, vous inscrivez dans le marbre une austérité très importante ». L’élu frontiste qui vote contre le budget, déplore les coupes sur l’agriculture, l’aide aux collectivités territoriales, la santé ou le tourisme, et pointe l’endettement. « Vous alourdissez chaque année les charges de la dette astronomique de la Région, à tel point que vous n’arrivez pas à boucler votre budget« , assène Yoann Gillet. « Sommes-nous véritablement à la hauteur des défis gigantesques ? », s’interroge le Républicain Aurélien Pradié, président du groupe L’Occitanie courageuse (droite, centre) qui vote contre le budget. Le même de constater un « budget de fonctionnement qui a explosé », et une « escapade en Chine et au Japon de 80 000 euros » qui aurait pesé sur les « contribuables ». « Personne d’autre n’aurait pu se le permettre », juge-t-il, tout en déplorant « aucune répercussion pour les entreprises occitanes », si ce n’est un enjeu de « notoriété politique nationale« .