Sur son site nouvellement crée La République en commun, la présidente PS de la région Occitanie et de Régions en France laisse vivre ses inquiétudes et insiste sur une posture de fermeté pour l’Europe. Voici sa lettre ouverte intégrale en italique :
« Parti du Canada, le mouvement de boycott des produits américains s’étend à l’Europe après les annonces de Trump sur des hausses massives de droits de douane et son soutien à Vladimir Poutine. Cette réaction citoyenne doit inciter les dirigeants européens à la fermeté diplomatique et économique face à cette attitude qui met en danger l’économie mondiale.
« En menaçant de taxer à 200% »
Coup de pression ou coup de menton ? En menaçant de taxer à 200% les vins, le champagne et les spiritueux européens, Donald Trump poursuit deux objectifs : flatter son électorat dans un registre protectionniste de pure démagogie, déstabiliser l’Union Européenne créée selon lui « pour entuber les Etats-Unis ». Un vin français entrerait par exemple à 10 dollars aux Etats-Unis et serait ainsi facturé 36 dollars au lieu de 12 au consommateur américain.
Le vin facturé à 36 dollars au lieu de 12 aux Américains
Bien entendu, les échanges de biens et de marchandises doivent être régulés par des accords au niveau international pour contrecarrer le dumping social et les atteintes à l’environnement. (C’est pourquoi l’accord Mercosur avec les pays d’Amérique du Sud serait nuisible pour l’Europe).
En revanche, cette provocation trumpienne n’entre pas dans ces registres. Elle n’a donc aucun sens. Elle piétine le principe d’un libre-échange équitable et équilibré de productions de qualité, propres à des pays ou certaines régions du monde. Cette surtaxation est de nature à déclencher une guerre économique dont les conséquences sociales seraient dévastatrices.
« Les ripostes doivent être à la hauteur »
Les ripostes doivent être à la hauteur. Tant au niveau européen que national, la seule réponse possible, c’est la fermeté. Deux messages doivent être envoyés à l’administration Trump :
- L’Europe n’entend pas se laisser dicter la loi du présumé plus fort. Donc taxe contre taxe.
- Les industriels et l’économie américaine ont tout à perdre de cette guerre commerciale
L’Europe peut s’inspirer du Premier Ministre canadien. En rétorsion à la hausse des droits de douane de 25% et aux velléités d’annexion du pays de l’érable par Donald Trump, il a décidé de taxes identiques sur des produits de grande consommation qui traversent la frontière. Plusieurs gouvernements de provinces ont même retiré les autorisations de commercialiser des alcools made in USA. « On boit du Canada dry » s’amuse un auditeur de Radio Canada, dans une émission consacrée à cette riposte à la fois citoyenne et politique. Sur Titktok, des ados se filment dans les supermarchés, en montrant les produits à éviter. Un groupe Facebook « Change tes vacances » réunit pas moins de 70 000 personnes exhibant des réservations pour le Mexique, la Martinique, Cuba et des billets annulés pour Los Angeles ou la Floride. Pour le Gouverneur de la province du Saskatchewan : « les industriels et dirigeants de multinationales, les professionnels du tourisme, les compagnies aériennes ont les moyens et l’influence pour mettre la pression sur l’administration Trump. Le Canada est un trop petit marché pour que cela pèse réellement. Si les Européens peuvent nous aider…».
Parti timidement de ce côté de l’Atlantique, le #BoycottUSA s’est emballé après l’altercation avec Volodymyr Zelensky et l’annonce de surtaxation des vins.
Habitués à manier cette arme économique et citoyenne du boycott ou du « bad buzz » (1) pour sanctionner le non-respect de droits humains, de normes sociales ou environnementales, pour dénoncer des propos racistes, sexistes ou homophobes de dirigeants d’une entreprise, les consommateurs des pays d’Europe du Nord ont été les plus réactifs.
En une semaine, 82 000 Suédois et 104 000 Danois ont souscrit à ces boycotts sur Facebook. En Norvège, des dirigeants d’organisations patronales ont même rayé de leurs commandes les fournisseurs US.
Autre signal : les ventes d’automobiles Tesla – propriété d’Elon Musk, le marionnettiste de Trump – chutent de façon spectaculaire depuis le mois de janvier et ce dans tous les pays de l’UE. Le boycott est sans doute une riposte à manier avec prudence. En matière de produits alimentaires américains notamment, il y a ceux qui sont produits dans une usine française et les autres. Et dans les KFC et les McDo, il y a des salariés français » avertit ainsi le groupe facebook « Boycott USA, achetez français » avec beaucoup de lucidité.
Selon l’institut Ipsos, 68% des Français sont disposés à participer au boycott de certains produits américains ou d’entreprises (2). Ce soutien de l’opinion, ces initiatives de boycott doivent rassurer et conforter les dirigeants des pays européens dans la position de fermeté à adopter : les citoyens n’entendent pas céder aux chantages ni aux injonctions de la Maison Blanche.
Trump n’apprécie sans doute ni le champagne ni les vins français. Si nous réagissons comme l’exigent les citoyens européens, les entreprises américaines risquent de ne pas aimer du tout que ce protectionnisme absurde tourne à l’isolationnisme. L’équipe de La République en Commun. »
1/Mauvaise réputation
2/Enquête Ipsos-CESI École d’ingénieurs pour La Tribune Dimanche menée le 06 mars 2025