Clubs sportifs de haut niveau, palmarès qui n’en finissent plus, le FISE reconnu mondialement ou encore le label Terre de Jeux 2024, sur le papier, Montpellier coche toutes les cases pour mériter son titre de « capitale sportive », dont elle s’auto-proclame. Mais alors, avec notamment la fin des subventions de l’Open Sud de France par la Ville ou encore le FISE devenu payant, cette dénomination de « ville sportive » ne soulève-t-elle pas, en réalité, un gigantesque paradoxe ?
Après celle de la culture, Montpellier est-elle en passe de perdre la bataille du sport ? Avec, l’arrêt des subventions à destination de l’Open Sud de France par la Ville de Montpellier en octobre dernier ou encore avec le Festival International des Sports Extrêmes (FISE) qui est désormais payant, l’incompréhension semble totale.
L’Open gagne en visibilité, Montpellier ferme les yeux
Pour l’édition 2024, l’Open Sud de France a très largement battu son record de fréquentation de l’an dernier, en passant de 40 000 à 60 000 spectateurs cette année. Cependant, ces chiffres n’ont pas réussi à faire changer de cap à la Municipalité de Montpellier quant à l’arrêt des subventions à hauteur de 400 000 euros pour ce tournoi ATP. « Michael Delafosse l’a dit lui-même, le tennis est un sport d’élite et donc qu’il ne mettrait plus un sous sur l’Open », déclare Philippe Saurel, ancien maire de Montpellier.
Cette déclaration démontre une mauvaise connaissance du tennis, empreinte d’idées reçues qui ont 50 ans de retard. C’est un peu ringard de dire ça.
Philippe Saurel, maire de Montpellier de 2014 à 2020
C’est finalement grâce au soutien financier de la Région Occitanie que l’Open Sud de France restera sur les terres montpelliéraines pour au moins les trois années à venir.
Les caisses de la Ville en péril ?
En plus du tennis, un autre sport a été sujet aux décisions paradoxales de la Ville, il s’agit du FISE. Gratuit depuis sa création en 1997, le Festival International des Sports Extrêmes va devenir payant pour sa 27e édition en mai prochain, avec des tarifs compris entre 5 et 10 euros. « Je pense que les finances de la Ville et de la Métropole sont dans un état grave voire préoccupant et qu’il [Michaël Delafosse, ndlr] essaye par tous les moyens de récupérer de l’argent », livre Philippe Saurel. Une décision d’autant plus étonnante quand l’actuel maire de Montpellier « a annoncé lui-même avoir fait trois milliards d’emprunts à taux variable », alors que selon l’ancien maire montpelliérain, les caisses de la Ville se portaient convenablement avant son départ : « Nous avons laissé une Ville et une Métropole avec 600 millions d’euros de trésorerie et aujourd’hui le maire actuel en est à emprunter trois milliards à taux variable. »
Cet argent ne part pas dans l’Open, ni dans le mondial de pétanque, ni dans le club hippique sur lequel ils font main base. Les montpelliérains me confient tous les jours s’inquiéter de la santé de la fiscalité de la Ville et avec de tels agissements on peut considérer que la Ville de Montpellier est tombée pour une cinquantaine d’années.
Philippe Saurel
Montpellier Terre de Jeux ou Terre de « Je » ?
La ville de Montpellier est officiellement labellisée Terre de Jeux 2024 afin d’accueillir comme camp de base des délégations françaises et étrangères lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, en juillet. Une labellisation qui, pour certains, est contradictoire au regard du traitement porté par la Ville envers les Jeux Olympiques et les sportifs montpelliérains.
La mythique salle René Bougnol rebaptisée
En 2021, Delafosse a rebaptisé la salle mythique René Bougnol, nom d’un médaillé d’or Olympique né à Montpellier, par l’enseigne d’une entreprise privée. Il avait déjà troqué l’héritage sportif de la ville pour une publicité.
Rémi Gaillard, candidat aux élections municipales 2020
Un mépris de la ville envers les compétitions sportives ?
« On ne peut pas se déclarer Terre des Jeux Olympiques, expliquer au monde entier que nous sommes la ville la plus sportive de France et ne pas subventionner le seul tournoi de tennis ATP, supprimer le mondial de pétanque, faire payer le FISE et bien d’autres sujets encore.
Je crois qu’il y a un forme d’illogisme dans ces attitudes là », ajoute Philippe Saurel. Mais alors, cela reflète t-il d’un certain mépris de la Municipalité envers les compétions sportives ?
Michael Delafosse, un grand fan de sport ?
Pour Rémi Gaillard, le problème est ailleurs, selon lui, l’actuel maire montpelliérain est « un grand fan de sport », ironise-t-il.
Il adore le sport, surtout quand il peut se montrer triomphant aux côtés des vainqueurs. Lors de la victoire de Montpellier en Top 14, on aurait dit qu’il avait remporté le trophée lui-même. Un amour du sport qui s’exprime particulièrement bien lorsqu’il s’agit de se glisser dans le sillage des succès des autres.
Rémi Gaillard
Pour terminer, le fait de rendre des événements sportifs populaires payants ou encore annuler des compétitions sportives reflète à la perfection, pour Rémi Gaillard, « l’esprit olympique en cette année particulière : « L’important, c’est de participer… à condition de pouvoir se le permettre. »
100 millions de vues pour les JO de Rémi Gaillard !
Des Jeux Olympiques, qui tiennent à coeur à l’ancien candidat aux élections municipales qui n’avait pas hésité à se mettre en scène en l’honneur de la compétition, via une vidéo humoristique qui avait été virale à l’époque en comptabilisant rapidement plus de 100 millions de vues.
Michaël Delafosse, n’a répondu à aucune de nos sollicitations dans le cadre de la réalisation de cet article. En revanche, le Maire de Montpellier avait accepté de répondre à nos questions lors de la rencontre USAM Nîmes Gard – MHB au Parnasse le dimanche 3 mars. La seule et unique fois, où il n’a souhaité parler que du handball, enfin presque… À suivre.