Le Plan local d’urbanisme intercommunal Climat (PLUi), a été voté mardi 16 juillet dernier, non sans tension entre les 31 maires de la Métropole de Montpellier. Document décisif, le PLUi vise à structurer les aménagements urbains pour la prochaine décennie, avec une attention portée à l’environnement. Contesté pour certains projets d’aménagement et son « déficit démocratique », le PLUi a été adopté avec 26 voix contre et une abstention, sur 92 votants, malgré l’opposition de plusieurs élus, parmi lesquels l’ancien maire/président Philippe Saurel. Interview.
InfOccitanie : Pourquoi ce vote revêtait une importance « majeure » selon vous ?
Philippe Saurel : Le PLUi est l’un des actes du mandat les plus importants car il engage l’avenir des 31 communes et de leurs habitants. C’est une décision majeure de la Métropole de Montpellier. Précisons que la jeune Métropole construite par le biais du processus démocratique et non issue de la loi MAPTAM (Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, ndlr), contrairement aux autres, naquit en janvier 2015. Elle s’est enrichie de compétences nouvelles acquises ou transférées jusqu’en 2017.
InfOccitanie : Pourquoi remettez-vous sur la table le SCOT voté en 2019 à l’unanimité du Conseil de Métropole, sous votre présidence ?
Philippe Saurel : Il est important de faire un retour en arrière. En 2019, la Métropole de Montpellier s’est dotée d’un SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) établi sur une philosophie d’aménagement « Montpellier Territoires ». Après de très nombreuses réunions de travail et réunions publiques, nous avons en effet voté le SCOT en 2019 à l’unanimité du Conseil de Métropole, scellant ainsi une base solide à l’Intercommunalité, répondant aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, en termes d’aménagement, de préservation des espaces agricoles et naturels, ainsi qu’à la problématique très prégnante des risques majeurs. Notre SCOT a été approuvé et validé par les organismes et collectivités impliquées, au premier rang desquelles, la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, la Chambre de Commerce et d’Industrie, la Chambre de Métiers, la Région Occitanie, le Département de l’Hérault, les Intercommunalités voisines. Le PLUI devrait être la mise en règlement de ce que demande le SCOT, or en l’espèce, ce n’est pas le cas.
InOccitanie : Vous dénoncez un « déficit démocratique », pour quelles raisons ?
Philippe Saurel : Rappelons que le PLUI est le document technique rassemblant les règles d’urbanisme et d’aménagement répondant aux grandes aspirations du SCOT, intégrant aussi les politiques de cohérence intercommunale répondant à la vie quotidienne des habitants et décrites dans le SCOT. Le PLUI se devait d’être travaillé avec le maximum d’échanges et de concertation. Or, la durée de la concertation a été minimaliste et pour avoir étudié les documents, leur présentation était difficile à saisir pour un citoyen non averti. Dommage que le temps et la concertation avec les services concernés n’aient pu aller jusqu’au bout, je considère qu’après le vote à l’unanimité du SCOT en 2019, le PLUi que l’exécutif de la Métropole nous a présenté n’est pas satisfaisant.
InfOccitanie : « La santé est la grande perdante » selon vous, pouvez-vous développer ?
Philippe Saurel : En effet, si je remarque le retrait du projet de transfert de la clinique Clémentville annoncé par la clinique elle-même quelques jours avant le vote, je note aussi l’impossibilité de réaliser le transfert de la clinique du Parc à Castelnau le Lez sur le site du Sablassou, ce qui risque de la voir se délocaliser bien plus loin, voire à l’ouest de la Métropole. Dans les projets de Vendargues, une maison pour les seniors était prévue et pour Lattes, un EHPAD, des équipements utiles, certes privés, mais avec mission de service public et d’intérêt général…
InfOccitanie : Vous allez jusqu’à déplorer la rupture du « pacte de confiance avec les maires », sur quoi vous appuyez-vous ?
Philippe Saurel : ce PLUi interroge sur la pratique de l’Intercommunalité et rompt clairement avec le pacte de confiance des maires que nous avions unanimement instauré. Lorsque j’ai créé la Métropole, j’ai mis en place ce pacte de confiance qui permettait aux maires d’avoir la priorité sur les prises de décision concernant les projets impactant leur territoire. L’objectif était d’éviter que la Métropole ne marche sur les maires, force est de constater qu’aujourd’hui, c’est bien le cas. La Métropole prend les décisions à la place des maires.
InfOccitanie : Outre le chapitre santé, le volet patrimoine est selon vous « oublié » dans ce PLUi, dans quelles mesures ?
Philippe Saurel : Dans la remarque faite par les services de l’Etat avant le vote, une page était consacrée au patrimoine, considérant la faiblesse de sa mise en valeur. Dommage, la Métropole de Montpellier fut la 1ère en France à obtenir le label « Métropole d’Art et d’Histoire ». Ce label national a demandé beaucoup de travail et fut reconnu en 2019 par le jury présidé par Martin MALVY. Ce label crée des obligations sous l’égide de l’Etat pour la préservation des spécificités historiques, architecturales, paysagères, patrimoniales et mémorielles de notre territoire. Rien n’existe dans le document présenté. Pour mémoire, la ville de Bourges, lauréate du concours Capitale Européenne de la Culture 2028, avait fait de son label « Ville d’Art et d’Histoire » son cheval de bataille… C’est pour toutes ces raisons que le groupe « Montpellier Citoyens » a voté contre ce PLUi.