Montpellier : « on vit dans la peur », les éleveurs vent debout contre l’abattage de leurs troupeaux

Plusieurs éleveurs de la Confédération paysanne se sont rassemblés ce mardi 9 décembre devant la préfecture de l'Hérault à Montpellier afin de dénoncer la politique sanitaire en vigueur.
© InfOccitanie – A.F / Plusieurs éleveurs se sont réunis devant la préfecture de l’Hérault à Montpellier.

83. C’est le nombre de vaches abattues le 2 décembre dernier dans un cheptel à Pouilley-Français (Doubs). La raison ? L’une d’entre elles a été déclarée positive à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie non transmissible à l’homme et non dangereuse pour le consommateur. Au total, ce sont « plus de 3 000 animaux tués depuis juillet », regrette la Confédération paysanne.

Plusieurs éleveurs de l’organisation syndicale se sont rassemblés devant la préfecture de l’Hérault, à Montpellier, ce 9 décembre, afin de faire entendre leur voix. « Ce dernier abattage est celui qui a mis le feu aux poudres dans la profession, car les bêtes étaient vaccinées depuis plusieurs semaines. Cela a été mené de manière très rapide et violente, sans aucune considération », déplore Morgane Bara, éleveuse de chèvres et porte-parole de la Confédération paysanne de l’Hérault. Aujourd’hui, le syndicat demande de « pouvoir protéger nos troupeaux, d’avoir accès à la vaccination et de mettre fin à cette politique mortifère d’abattage systématique », ajoute l’éleveuse.

Quid de la vaccination généralisée ?

Toutefois, en France, cette question de la vaccination généralisée comporte un hic : la conservation de son statut « indemne », indispensable pour exporter des animaux vivants vers d’autres pays. « Le ministère agite comme un éventail l’argument que, si la France perdait son statut indemne, l’Italie notamment n’achèterait plus de broutards [veaux âgés, ndlr], explique Morgane Bara, avant d’ajouter. En raison de l’augmentation des zones vaccinées, comme le Doubs ou les Pyrénées-Orientales, l’Italie, en manque de broutards, commence à renégocier et pourrait donc accepter des animaux vaccinés. » Une reconsidération qui laisse la porte ouverte à une vaccination globale. Si cette dernière est mise en place, l’Italie ainsi que les autres pays importateurs « devront changer de position », affirme la porte-parole. Bien que la Confédération paysanne soit pour la liberté vaccinale, elle est prête à accepter une éventuelle vaccination obligatoire « si c’est ce qu’il faut pour sauver nos bêtes », insiste Morgane Bara. Un sentiment partagé par Juliette Bougeault, éleveuse de vaches allaitantes et de vaches laitières dans le Larzac, qui préconise une action de prévention plutôt que de réaction. « Je demande, avec d’autres éleveurs, que l’on ait accès au vaccin avant que le risque soit juste à côté de chez nous », exige-t-elle.

« On ne dort pas »

Bien que le Parlement se réunisse ce 9 décembre afin d’établir une stratégie pour lutter contre la DNC, les éleveurs se sentent démunis. « La solution est de prier pour ne pas avoir de cas. On ne dort pas, on croise les doigts. On vit dans la peur », avoue, avec un sentiment d’impuissance, Morgane Bara. Pour d’autres, c’est la colère qui transparaît. « Je trouve cela injuste. C’est une situation intenable où l’on nous dit que la maladie se propage et où l’on sait que l’on pourrait s’en protéger, mais nous n’y sommes pas autorisés », fustige Juliette Bougeault. Ainsi, l’éleveuse doit prendre des décisions afin de protéger son élevage. « Quand une bête est malade, c’est tout le lot qui est abattu. Alors, on en est à mettre en place des lots dans nos troupeaux. J’ai quarante Aubrac, donc je vais essayer de les séparer en trois lots pour n’en perdre que 12 à 15 si cela arrive », confie l’éleveuse. Avec cette situation critique et alarmante pour les exploitants, la Confédération paysanne craint le pire. « On se dirige vers un drame humain, de type suicide ou explosion nerveuse », alerte la porte-parole. En conclusion, Morgane Bara rappelle que « nous, éleveurs, sommes prêts à accepter de voir quelques bêtes malades mourir, mais pas à voir massacrer un troupeau sain ».

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