Montpellier : « Le commissariat de la Mosson n’est pas mixte », persiste le syndicat Un1té

Sécurité à Montpellier, Bruno Bartocetti, responsable de la zone Sud pour le syndicat Unité, répond à nos questions.
© Linda Mansouri / infOccitanie. Bruno Bartocetti, resp syndicat UN1té zone sud.

InfOccitanie : Pourriez-vous vous présenter ?

Bruno Bartocetti : Je suis secrétaire national de la police nationale, chargé de la zone Sud pour le syndicat Un1té, affilié à FO. J’ai été secrétaire départemental Hérault pendant 12 ans, détaché syndical depuis 20 ans. J’ai 42 ans de police, ça ne me rajeunit pas… Je précise tout de même que nous n’avons aucun engagement politique chez Un1ité, nous ne soutenons aucun candidat pour les municipales. Vous ne me verrez jamais apparaitre sur une liste par exemple. Le syndicat Un1té est majoritaire en zone Sud (Occitanie, Paca, Corse).

InfOccitanie : Pour quelles raisons affirmez-vous que le commissariat inauguré en juin dernier par plusieurs ministres à la Mosson n’est pas mixte ?

Bruno Bartocetti : C’est une réalité. Il n’est pas mixte comme cela a été présenté, mais mitoyen. Le commissariat à Lattes est quant à lui bien mixte par exemple, les police nationale et municipale y sont mélangées. A Adge, c’est pareil. A la Mosson, cela commence dès l’entrée, elle n’est pas la même pour la police nationale et la police municipale. Vous remarquerez également qu’il est uniquement inscrit « police nationale » sur le fronton.

InfOccitanie : Au-delà des entrées qui diffèrent et de l’inscription, en quoi ce commissariat est-il non mixte ?

Bruno Bartocetti : Je vous prends un autre exemple. Dans ce commissariat, les seuls effectifs qui accueillent le public sont les policiers nationaux. La police municipale est plutôt en arrière plan, c’est un bureau qui leur sert de pied-à-terre je dirais. Les plaintes, par ailleurs, doivent être déposées dans un commissariat de police nationale, pas municipale. Dès lors, quel est l’interêt de mentionner une « mixité » alors que la PM n’est pas en mesure d’accueillir la plainte dans un commissariat ?

InfOccitanie : Pour quelles raisons insistez-vous sur le respect des compétences propres à chaque corps de métier ?

Bruno Bartocetti : Je ne suis pas en guerre contre la police municipale, loin de là, comme je n’ai absolument rien contre la mairie. A Un1té, on souhaite travailler de manière coordonnée, mais il est crucial que chacun garde ses prérogatives. Il ne faut pas d’absorption. Je constate que par rapport à il y a trente ans, la police municipale est en effet mieux formée, mais pour autant ils n’ont pas de pouvoir judiciaire. Il ne faut pas qu’ils en aient.

InfOccitanie : Pour quelle raison ?

Bruno Bartocetti : Ce n’est que mon avis, mais si c’était le cas, imaginez votre plainte aller dans les couloirs d’une municipalité… Ça deviendrait, à mon sens, dangereux. La gendarmerie et la PN gardent cette prérogative judiciaire. Ce qui n’empêche pas que l’occupation du terrain doit être faite par les deux, PM et PN, ce contact avec la police est de nos jours nécessaire.

InfOccitanie : Vous dénoncez l’inauguration du commissariat Mosson et le cérémonial en présence des ministres et du maire ?

Bruno Bartocetti : Je dis simplement que nous sommes dans une sémantique politique et une volonté d’affichage médiatique. On veut à tout prix donner plus de pouvoir à la PM, les associer à la PN, alors même que les textes ne sont pas faits en ce sens ! J’avais dit dans la presse que le commissariat était mitoyen et non mixte, je me suis mangé la foudre. Je persiste, la PM doit être sur le terrain. La société est de plus en plus malade et notre population demande du bleu. Aujourd’hui, il est plus important selon moi de demander davantage de renforts policiers nationaux à l’Etat, que de communiquer sur un commissariat prétendument mixte…

InfOccitanie : De manière générale, êtes-vous inquiet de la dotation en policiers nationaux à Montpellier ?

Bruno Bartocetti : Oui. Au mois de septembre, à peine une vingtaine de policiers nationaux est habituellement intégrée, alors que plus du double part à la retraite. Je rappelle que Montpellier est la 7e ville de France. Je rappelle également que notre domaine de compétence inclut notamment Lattes ou nous avons 4 policiers nationaux affectés. Quand vous déposez plainte, la procédure ne se fait pas toute seule. Nous manquons d’enquêteurs par exemple. Nous avons perdu le bénéfice des renforts de police nationale reçus il y a huit ans environ. Il nous en faudrait une trentaine de plus.

InfOccitanie : Un commissariat de la PN a été inauguré, celui de la gare Saint-Roch. Qu’en pensez-vous ?

Bruno Bartocetti : Entre nous, il aurait été plus intéressant de la voir sur la Place de la Comédie où il y a eu un pic de 200 000 personnes en 24h. Je ne suis pas sûr que le touriste voit davantage ce commissariat de la gare que s’il avait été laissé sur la Comédie. Le service public doit être visible.

InfOccitanie : Donner trop de prérogatives à un policier municipal peut-il représenter un danger ? Lequel par exemple ?

Bruno Bartocetti : On a l’exemple à Béziers récemment lors d’une émeute. La PM est allée faire le travail de la police anti-stup concrètement. Or, il faut y être aguerri, formé, la PM n’est absolument pas faite pour ça. Cela conduit à des dysfonctionnement, des débordements, des pertes de contrôle. J’appuie souvent sur le judiciaire, l’arme du flic, c’est son stylo.

InfOccitanie : La police municipale doit-elle être armée selon vous ?

Bruno Bartocetti : Je ne rejette pas cette idée si elle est suivie d’une solide formation. Aujourd’hui, vous avez de plus en plus de PM armée. Il faut savoir que la France compte seulement 22 000 policiers municipaux contre 132 000 policiers nationaux. Je dis souvent, si un PM avait été armé, il aurait peut être neutralisé un terroriste. L’arme doit être utilisée en cas de légitime défense, elle n’est pas faite pour tuer.

InfOccitanie : LFI, par la voix de Mathilde Panot, estime que la vidéosurveillance n’a jamais vraiment prouvé son utilité. Qu’en pensez-vous ?

Bruno Bartocetti : Elle n’est pas là pour être intrusive. Quand un policier national veut travailler sur une vidéo, il faut l’accord du parquet je rappelle. La vidéosurveillance fait partie du regroupement d’informations qui permet à l’enquête d’avancer, avec d’autres outils comme le bornage téléphonique, etc. Alors oui, cela a un coût, mais se priver de ses outils pour remonter certaines affaires, c’est préjudiciable.

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