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Montpellier : « certains commerçants viennent me voir en pleurs », regrette Odette Daudé

Odette Daudé, présidente de l'association des commerçants de l'écusson de Montpellier, ne cache pas son inquiétude quant à l'activité économique du centre-ville. Rencontre.
© Linda Mansouri / InfOccitanie. Odette Daudé, présidente de l’association des commercants de l’écusson de Montpellier. .

InfOccitanie : Pourriez-vous décrire l’association en quelques mots ?

Odette Daudé : Il s’agit de la seule association de commerçants libre de l’écusson. Nous ne bénéficions d’aucune aide des collectivités, c’est ce qui fait notre liberté d’action. Je n’ai pas de langue de bois. L’association des commerçants de l’écusson existe depuis plus de 15 ans, elle regroupe environ 400 adhérents qui nous soutiennent via leur adhésion annuelle. L’association porte la voix de commerçants, mais pas que, des professions libérales également. Dans l’écusson, il existe environ 1000 boutiques, dans la couronne périphérique, vous en trouverez environ 2000.

InfOccitanie : De quoi vous font part les commerces adhérents ?

Odette Daudé : Beaucoup me confient leur redressement judiciaire et leur dépôt de bilan, c’est désolant. Certains viennent me voir en pleurs. Beaucoup ont été touchés par le manque de fréquentation lié à l’enclavement du centre-ville. Le maire a décidé de nous enfermer, voilà tout. Quand je pense en plus à cette ZFE, c’est une aberration. Je suis pour, sur le principe, mais les modalités d’application sont déconnectées des réalités du terrain et des préoccupations sociales et économiques. On empêche les gens de circuler, de consommer, c’est dramatique pour la vitalité économique. Certains ne peuvent pas changer de véhicules faute de moyen, c’est discriminant, surtout lorsque les mobilités n’ont pas été suffisamment renforcées à Montpellier. Nous ne sommes pas à Paris ! Des clients viennent une fois, deux fois avec le tram, puis ils ne reviennent plus. J’ai un fichier de 50 000 clients, je sais de quoi je parle.

InfOccitanie : Un moratoire a été voté en conseil communautaire, la verbalisation est repoussée à 2027, une petite victoire ?

Odette Daudé : Et après 2027, il se passera quoi ? Les conducteurs seront verbalisés ? Merci à Laurent Jaoul (maire de Saint-Brès, à l’initiative du moratoire contre la ZFE, ndlr) d’avoir porté ce combat. Selon moi, elle a été décalée en raison des élections qui approchent, pour tenter de décrocher un autre mandat en 2026…

InfOccitanie : Que proposez-vous comme solutions ?

Odette Daudé : Il aurait fallu préparer en amont du centre ville des structures suffisantes pour éviter ce tsunami commercial. Je pense à plus de parkings, à des structures de livraison pour faire des transports de colis la nuit. La mairie ne veut plus de voitures en ville, mais il n’y aucune structures pour réceptionner les véhicules. Le stationnement devient quasi impossible en centre-ville. La voiture existera toujours, vous savez. Il faut également plus de réunions, de concertations avec les riverains, les habitants, les commerçants…

InfOccitanie : Avez-vous des exemples de témoignage de commerçants affectés ?

Odette Daudé : Une commerçante est venue me voir dans ma boutique (lingerie Daudé, ndlr). Elle travaillait très bien et vendait de jolis vêtements. Elle est en redressement et va déposer le bilan car elle n’a plus assez de flux. Une des plus grosses poissonneries de la ville a baissé le rideau. J’imagine que les travaux autour ont impacté leur chiffre d’affaires, plus personne ne pouvait récupérer les plateaux de poissons en voiture. L’organisation des travaux a été mal conçue.

InfOccitanie : L’inflation et le ralentissement de la consommation n’impactent-t-ils pas les achats également ?

Odette Daudé : Nous vivons dans une région avec un fort taux de bénéficiaires du RSA et du chômage, nous avons toujours été dans une région plus ou moins pauvre. Il y a une crise économique certes, mais l’impact est à relativiser. Il y a toujours eu des ventes par correspondance par exemple. Il ne faut pas trouver des excuses. Je suis persuadée que, si demain un nouveau maire est à la tête de la ville, les choses changeront radicalement.

InfOccitanie : Les différentes animations organisées au sein de l’écusson n’apportent-elles pas de trafic ?

Odette Daudé : Il faut me dire quelles animations alors ! La fête des lumières ? C’est en fin de journée, les gens ne viennent pas pour consommer dans les magasins, mais boivent un coup dans les bars ou vont au restaurant. Les classes moyennes ont déserté Montpellier pour Béziers, Sète ou Nîmes. Je ne vous parle même pas des artisans qui se prennent des PV. Ils ont droit à un laps de temps par intervention, sauf que pour poser le matériel, installer, faire des travaux, cela prend un peu plus de temps que ça !

InfOccitanie : En quoi le plan de circulation vous affecte ?

Odette Daudé : Ils font des goulots de partout. Un exemple parmi tant d’autres, la mairie avait décidé de fermé le boulevard Sarrail en décembre dernier entrainant des pertes de chiffre d’affaires pour les commerces. A chaque fois, il y a des perturbations, des déviations incompréhensibles le moment où l’on travaille le plus. Du temps de Philippe Saurel (ancien maire de Montpellier, ndlr), cela ne se passait pas comme ça. Et surtout, il y avait une vraie concertation, avec des réunions régulières. Lors des travaux sur la Grand Rue, pas un seul magasin n’avait fermé par exemple, notre chiffre n’avait pas été impacté.

InfOccitanie : L’insécurité est selon vous l’une des raisons qui impacte l’attractivité des commerces. Pour quelles raisons ?

Odette Daudé : Ah bah quand vous rentrez dans le tram, c’est la cour des miracles. J’ai des clientes qui sont parties à l’étranger et qui, de l’étranger, ont vent de ce qui se passe à Montpellier en matière d’insécurité, d’accidents, de débordements dans le tram. Cela n’incite pas à s’y rendre pour faire ses achats.

InfOccitanie : Un mot pour la fin ?

Odette Daudé : L’écusson est un joyau et la municipalité est en train de le détruire, notamment madame Frêche en charge de la mobilité. J’arrive à avoir du dialogue au sein de la mairie avec monsieur Sébastien Cote en chargé de la Sécurité qui essaie de m’aider, et François Villette, directeur adjoint de cabinet, que je sollicite aussi. Mais concernant monsieur Delafosse, force est de constater que seul le prochain mandat l’intéresse. Quand on fait de la politique politicienne, forcément, cela fait des dégâts.

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