Saddem a 34 ans, titulaire d’un master en management de projet marketing, fort de plusieurs expériences dans de grands groupes. Il se lance en 2024 dans un projet qui lui tient à cœur : proposer de nouveaux délices culinaires sur l’Esplanade Charles De Gaulle rénovée à Montpellier. Cela tombe bien, une mise en concurrence pour des conventions d’occupation du domaine public est ouverte, portant notamment sur 3 kiosques alimentaires. Saddem, qui a, par le passé, déjà géré une activité dans la restauration, postule volontiers à l’appel à candidatures.
« J’ai crée un projet innovant avec cinq marques »
« J’ai déposé un dossier de candidature pour chacun des kiosques, espérant avoir un retour positif pour l’un d’entre-eux », nous confie le candidat. « J’ai crée un projet innovant avec cinq marques, une stratégie marketing détaillée, un concept solide intégrant des produits de la région, une modélisation 3D, un spot publicitaire… », liste-t-il.
Le 4 novembre 2024, l’entrepreneur dépose son dossier. « Début janvier dernier, le service Peps, partenariat espace public, me dit que le processus est toujours en phase d’analyse », commente-t-il. Le 14 janvier 2025, Saddem défend son projet face à une commission chargée d’analyser les dossiers. La réunion se déroule alors à l’hôtel du Département. Plusieurs personnes sont présentes, dont des élus et des employés de l’administration de la Ville de Montpellier et de la Métropole. « Le règlement stipule bien que les trois premiers candidats seraient convoqués à cet entretien », précise Saddem.
« L’entretien se passe à merveille »
« L’entretien se passe à merveille. Je me suis présenté avec des produits cuisinés le matin même, des burgers, des bowls, des salades, des smoothies. J’ai reçu pas mal d’éloges de leur part », se remémore-t-il. Ensuite ? Silence radio. Saddem multiplie les relances à destination des services de la Ville, la même réponse fuse : « on est en phase d’analyse des dossiers, aucune décision n’a été prise. On vous tient au courant », cite-t-il. Il sollicite également directement les élus en charge, aucun retour.
« C’est très louche »
« C’est très louche », note alors Saddem. Lequel décide de prendre le taureau par les cornes et d’envoyer le 24 avril 2025 un courrier recommandé à l’administration de la Ville, afin d’accéder aux documents administratifs, aux procès verbaux, aux grilles d’évaluation, à la liste des candidats ayant répondu à l’appel à candidatures, au calendrier prévisionnel de la procédure de sélection… En gros, tout ce qui aurait pu conduire à prendre une décision implicite ou explicite dans l’attribution de l’exploitation des kiosques. « Je précise qu’après un délai de 15 jours, je saisirai la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs, ndlr), selon la règlementation en vigueur. Je fais cette démarche dans un soucis de transparence et d’égalité », indique Saddem. Il se dit alors pressé par le temps, l’exploitation des kiosques débute le 1er juin prochain et nécessite de préparer le matériel et le recrutement.
« Dans un soucis de transparence et d’égalité de traitement »
Aucune réponse au courrier recommandé. « Je découvre par la suite que deux décisions concernant deux kiosques ont été publiées sur une autre plateforme que celle habituellement, en catimini, sans notification préalable », narre-t-il. Saddem constate par ailleurs des « anomalies » administratives. « Mon prénom et mon nom étaient intervertis sur la convocation à l’entretien du 14 janvier 2025. Or, ces informations figurent bien sur mon dossier de candidature, cela témoigne d’un manque de rigueur dans le traitement administratif de mon dossier ». Autre point relevé : « j’ai été contacté par téléphone afin de fournir une nouvelle fois mon adresse postale, en vue d’une convocation à recevoir par voie postale. Je ne l’ai jamais reçue par courrier ».
Le tribunal administratif sera saisi pour « manque de transparence »
« J’ai investi beaucoup de temps, c’est un mépris de ne pas avoir donné de réponses à mes sollicitations. Je ne suis pas là pour faire la victime, je cherche à comprendre », insiste Saddem. Lequel a déposé un recours gracieux le 25 avril 2025 à destination du maire. « Les deux décisions pour les deux kiosques ont été publiées le 17 avril 2025, je l’ai découvert le 25 avril 2025. Avant, les appels à candidatures étaient publiés sur le site de Montpellier 3M. Suite à une refonte, ils ne publient plus les avis d’attribution au même endroit. Comment aurais-je pu le savoir ? », regrette-t-il. Depuis, les trois avis ont été rendus, un ancien exploitant a par ailleurs remporté l’exploitation de l’un des 3 kiosques. Sollicitée, la Ville de Montpellier n’a pas souhaité répondre à nos questions. Saddem annonce saisir le tribunal administratif, notamment pour « manque de transparence ».