Montpellier : aide à mourir et procès historique pour l’association Ultime Liberté

À la rencontre de Pierre Blanchet, secrétaire général national de l'association Ultime Liberté.
© InfOccitanie / Camille Casanova – Pierre Blanchet, secrétaire général national de l’association Ultime Liberté.

Pierre Blanchet nous présente Ultime Liberté. L’objectif de cette association ? Légaliser le suicide assisté et l’euthanasie volontaire. Ces deux notions concernent l’aide à mourir. L’euthanasie correspond à l’administration d’une substance létale par un tiers tandis que le suicide assisté se produit lorsque la personne s’administre elle-même la substance. Ultime Liberté a été créée en 2009 par des membres de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). Étant donné que l’ADMD n’accompagnait pas directement dans le processus de fin de vie, ces membres ont souhaité créer Ultime Liberté, souvent décrite comme « la branche radicale de l’ADMD« .

Accompagner la fin de vie, le rôle d’Ultime Liberté

Dans toute la France, Ultime Liberté compte 5000 adhérents. Pratiquement tous les départements sont d’ailleurs couverts grâce à de très nombreuses antennes locales. Par exemple, dans l’Hérault, Ultime Liberté compte 280 adhérents parmi ses membres.

Ultime Liberté, c’est un accompagnement pour trouver une solution. Les membres rencontrent des personnes qui s’interrogent sur leur fin de vie qu’ils souhaitent la plus agréable et la plus paisible possible. La condition pour pouvoir bénéficier de cet accompagnement et de ces échanges est de devenir adhérent de l’association. Plusieurs types de personnes consultent Ultime Liberté. Il peut s’agir de personnes malades dont le pronostic vital est engagé. En effet, d’après Pierre Blanchet, ces dernières ne souhaitent pas dépendre du corps médical par la suite. Tant que la proposition de loi ne sera pas votée, elles ne pourront pas bénéficier d’une euthanasie ou du suicide assisté. Certaines autres personnes ne sont pas malades mais souhaitent se rassurer sur leur fin de vie. Elles consultent Ultime Liberté pour avoir des renseignements afin de « préparer leur fin de vie« .

Une discussion ainsi que plusieurs rencontres ont alors lieu afin de discuter de leur désir d’avoir une fin de vie tranquille et paisible ainsi que des différentes possibilités. Il arrive d’évoquer les possibilités existantes à l’étranger. Tel est le cas en Belgique où l’euthanasie est pratiquée ou encore en Suisse où le suicide assisté est en vigueur. Ultime Liberté et ses accompagnants aident les personnes à trouver une solution. Cependant, ils ne sont pas là pour appliquer ladite solution.

La proposition de loi sur l’aide à mourir, une petite avancée pour Ultime Liberté

Au mois de mai 2025, la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir a été votée par l’Assemblée nationale. Elle devrait être examinée par le Sénat au mois d’octobre. Ce droit à l’aide à mourir consisterait à autoriser et à accompagner une personne malade ayant demandé à recourir à un produit létal pour mettre fin à ses jours. La proposition de loi pose cinq conditions cumulatives pour accéder à l’aide à mourir :

  • Être majeur ;
  • Être français ou résident étranger régulier et stable en France ;
  • Être atteint d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale ;
  • Présenter une souffrance physique ou psychologique constante réfractaire aux traitements ou insupportable selon lui ;
  • Être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.

« Cette loi, ce n’est pas la nôtre. C’est une petite avancée dans le sens où on part de rien avec un retard sur d’autres pays. Mais, les critères pour en bénéficier sont très restrictifs« , confie Pierre Blanchet à notre rédaction. Pour Ultime Liberté, cette proposition de loi représente un point de départ. Cela pourrait potentiellement résoudre le problème de certaines personnes qui se rendent actuellement en Belgique ou en Suisse pour bénéficier d’une aide à mourir. « Nous, l’association, on veut que les gens aient le choix« , affirme Pierre Blanchet.

Ultime Liberté face à la justice

Actuellement, le tribunal judiciaire de Paris est plongé dans une affaire mettant en cause plusieurs membres de l’association Ultime Liberté. Pierre Blanchet nous raconte.

Il faut remonter à 2019. Ultime Liberté, ne fournissant jamais de produit létal, a communiqué avec ses adhérents à propos du livre La Pilule Douce. Ce livre, passant en revue différentes méthodes de suicide non-violentes, fournit une adresse permettant de se procurer du pentobarbital dans des pays d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud. De nombreuses personnes ont alors commandé cette substance létale. Cependant, sur une dénonciation, les douanes américaines ont fini par mettre la main sur divers colis sur lesquels figuraient l’adresse des personnes ayant commandé le produit. Les douanes américaines ont alors communiqué avec les douanes des différents pays concernés, dont les douanes françaises.

Au mois d’octobre 2019, un juge d’instruction s’est saisi de l’affaire. 300 gendarmes ont alors été missionnés sur toute la France afin d’aller perquisitionner les domiciles des adresses mentionnées sur les colis retrouvés par les douanes américaines. De nombreuses personnes étaient âgées et malades. Dans certains logements, les forces de l’ordre ont retrouvé du pentobarbital. Par la suite, les gendarmes ont perquisitionné le siège d’Ultime Liberté

Quinze personnes ont été placées en garde à vue puis mises en examen pour acquisition et détention illicites, importation illégale et aide à la commande de produits illicites. À noter que seuls les accompagnants ou des membres du conseil d’administration ont été poursuivis. Ces derniers ont été poursuivis à titre individuel. Ultime Liberté, en tant qu’association, n’est pas poursuivie car il n’a pas été démontré juridiquement que l’association était intervenue directement dans ces actes. Les personnes mises en cause encourent 5 ans de prison et 370 milles euros d’amende.

Depuis le 15 septembre 2025, 6 ans après le début des investigations, le procès a débuté. Toutes les personnes mises en cause ont entièrement reconnu les faits reprochés. D’après Pierre Blanchet, certaines ont même affirmé qu’elles continueraient à le faire au regard de leur devoir de solidarité.

Une manifestation permanente des adhérents d’Ultime Liberté a d’ailleurs lieu sur le parvis du tribunal judiciaire de Paris. Les bénévoles venant de toute la France ont souhaité soutenir les membres poursuivis. Le procès devrait se terminer le 3 octobre 2025.

Prévisions météo Hérault

Consultez notre carte et les prévisions de votre ville.
À Montpellier et partout dans l'Hérault (34).

MA MÉTÉO
update FIL INFO 24/7

L'app InfOccitanie

Restez connectés

OBTENIR