A Montpellier, le quartier du Petit Bard a vu naître en septembre une Gaming House de l’Insertion (GHINS). Un lieu, destiné aux jeunes entre 16 et 25 ans, qui allie accompagnement professionnel et pratique du jeu vidéo.

« En jouant, les jeunes mobilisent beaucoup de compétences qui leur sont utiles dans la vie quotidienne mais aussi dans la vie professionnelle », dresse Caroline conseillère à la GHINS. Ici, à la Gaming House de l’Insertion, des jeunes de 16 à 25 ans, inscrits à la Mission Locale, sont répartis par groupe allant de 5 à 8, et participent pendant 15 jours à des ateliers permettant de faire le transfert entre les compétences mobilisées lors de la pratique du jeu vidéo vers l’emploi et la démarche d’insertion.

Développer ses capacités transversales

« On mesure tout ce qui est demandé par l’entreprise mais que l’entreprise ne peut pas apporter aux jeunes. Les capacités transversales, sont des éléments que l’entreprise attend du jeune et de tout salarié quand il arrive : respecter la hiérarchie, respecter les uns et les autres, travailler en groupe etc. Tout cela, on le retrouve dans le jeu vidéo », affirme, Abder Abouitman, directeur général de la GHINS. Ainsi, afin de mesurer ces capacités les équipes de la Maison de l’Insertion utilisent notamment un logiciel intitulé « Yuzu » permettant d’évaluer les compétences sollicitées par les jeunes pendant qu’ils jouent à des jeux notamment centrés sur l’esprit d’équipe, la coopération et la réflexion, tels que Fall Guys, Counter Strike ou encore des Escape Game. « L’outil est utilisé à la base par les employeurs, mais nous, on le détourne un petit peu pour que les jeunes puissent se rendre compte qu’en jouant, ils mobilisent pas mal de compétences », détaille Caroline. Et les participants en ont conscience. Pour Célia, qui a participé à la première session de la Gaming House de l’Insertion, ce cycle de travail lui a permis de découvrir des compétences qu’elle ne soupçonnait pas. « On a évalué notamment nos compétences dans la résolution des problèmes, l’adaptabilité ou encore la gestion du stress. Et j’ai découvert que finalement, j’arrivais à gérer mon stress alors que je pensais que c’était faux », rigole l’étudiante en étude de notariat.

Cela, on ne le sait pas forcément mais quand le jeune joue, qu’il soit en groupe ou seul, il doit suivre des consignes et des contraintes pour gagner et il est obligé de s’appuyer dessus. Il le fait dans le jeu vidéo, mais généralement pas dans la réalité donc nous on dit « tu ne peux pas être comme ça dans le loisir et dans quelque chose que tu aimes et ne pas être comme ça dans ton travail ». Cela nous paraît fondamental.

Abder Abouitman, directeur général de la GHINS

Le jeu vidéo mais pas seulement

« Ici, on ne joue pas que pour jouer », insiste le directeur général. « Quand on joue, on peut s’oublier un peu, on mange n’importe comment, on ne fait plus de sport, on est assis des heures, on est pris dans cet environnement virtuel et on oublie ce côté physique. Il peut y avoir un détachement, décrit Abder Abouitman. Alors à la GHINS, il y a le jeu, mais aussi l’obligation de tenir d’autres axes comme le sport et le bien être. Vous faites du e-sport vous devrez faire du sport ». Pour respecter cette « triangulaire », la GHINS prévoit pour les jeunes des ateliers sportifs, des ateliers de santé, de nutrition et d’hygiène de vie ainsi que des rencontres et sensibilisations avec des professionnels de différents milieux. « Le jeu est le fil conducteur », ajoute Caroline. « C’est l’addition de toute cela, qui fait que nous avons mis en place cette GHINS qui aujourd’hui, permet aux jeunes, sur des temps très formalisés, de gagner en compétences transversales, et surtout des les assimiler et de les mettre dans un CV », résume Abder Abouitman. « Durant ces deux semaines on est ressorti avec plus de compétences qu’initialement, on appris à se connaître chacun et à se connaître nous-même. La GHINS a été une très bonne idée », conclut Célia avec le sourire.