En quelques années, les tarifs des assurances ont explosé, multipliés par cinq à sept. Cette flambée met en péril les manadiers et de nombreuses petites manades, d’autant plus que leur couverture prendra fin au 31 décembre. Sans assurance, beaucoup ne pourront plus organiser d’encierros ni d’abrivados, mettant directement en danger les traditions camarguaises.
Chaque année, l’inquiétude grandit face au désengagement des assureurs pour ces événements taurins. Selon le député Charles Alloncle, qui s’empare du dossier, cette saison pourrait être la dernière si aucune évolution législative n’intervient.
Le risque est clair : sans couverture, les manadiers devront renoncer à leurs activités. Aujourd’hui, en cas d’accident lors d’un lâcher de taureau, la responsabilité incombe entièrement à l’éleveur. Une proposition de loi devrait être déposée pour alléger cette charge et permettre aux traditions de perdurer.
Face aux difficultés d’assurance rencontrées par les manadiers, Charles Alloncle travaille en collaboration avec les députés de la Camargue, Emmanuel Taché (Bouches-du-Rhône) et Nicolas Meizonnet (Gard) à la rédaction d’une proposition de loi. Cette initiative vise à offrir un cadre juridique clair et rassurant pour les compagnies d’assurance afin d’éviter tout refus de couverture. L’objectif est de prévenir toute faille dans la loi qui permettrait aux assureurs de se déresponsabiliser.
« Nous soumettrons cette proposition à Groupama et à d’autres compagnies d’assurance pour garantir qu’ils ne puissent pas nous accuser d’un texte insuffisant. Notre priorité est d’assurer la pérennité de la couverture des manadiers« , explique Charles Alloncle.
Des rencontres et des assises pour renforcer la pression
Parallèlement, une rencontre avec la ministre de l’Agriculture est en préparation afin de donner plus de poids à cette démarche. En outre, l’organisation des Assises des Manadiers est en cours de planification. Cet événement, qui pourrait se tenir en Pays Lunellois ou ailleurs, réunira l’ensemble des acteurs concernés : élus locaux, manadiers, compagnies d’assurance et représentants de l’état.
« Ce rassemblement doit servir à créer une dynamique commune. Sans une forte mobilisation et une couverture médiatique suffisante, il sera difficile d’obtenir des avancées concrètes« , souligne le député.
Une approche transpartisane pour assurer l’adoption de la loi
L’enjeu principal réside dans le soutien politique nécessaire pour que la proposition de loi soit adoptée. Actuellement, seuls le Rassemblement National et l’UDR portent le sujet. Charles Alloncle insiste sur la nécessité d’une adhésion plus large des autres groupes parlementaires.
« Nous tendons la main à tous les partis. Si le gouvernement refuse de voter pour cette loi pour des raisons purement politiques, ce serait regrettable. Nous sommes même prêts à ce qu’ils la reprenne en leurs noms . L’important n’est pas de revendiquer un succès politique, mais d’obtenir une législation qui protège les manadiers. »
L’organisation des Assises des Manadiers devrait permettre de mesurer l’ampleur du soutien populaire et politique. Si la mobilisation est forte, les députés seront plus enclins à s’engager sur ce dossier. Pour Charles Alloncle, il s’agit avant tout de défendre une tradition française séculaire et d’assurer sa protection à long terme.