Nicolas Cadène, candidat Nouveau Front populaire dans la 6e circonscription du Gard, répond à nos questions. Cette dernière comprend 24 communes, dont une partie de Nîmes ainsi que Marguerittes, Uzès ou Manduel. Le député sortant, Philippe Berta (MoDem, majorité présidentielle), ne se représente pas.
InfOccitanie : Vous êtes académicien nîmois, anciennement collaborateur parlementaire, conseiller politique et Rapporteur général à l’Observatoire de la laïcité. Ne craignez-vous pas d’être considéré comme un technocrate hors sol, détaché des réalités du terrain ?
Nicolas Cadène : ce ne serait pas conforme à ma vie. Je suis directeur par intérim de la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, ndlr). Je participe à la direction d’une administration qui accompagne les entreprises et les salariés en difficulté, les personnes en recherche de logements sociaux, la politique de la Ville, le droit des femmes, l’inspection sanitaire et sociale… C’est une administration de terrain qui traite de politiques très concrètes. J’ai commencé très tôt à travailler avec mon père vigneron. Sur la laïcité, j’allais sur le terrain toute la semaine, plus que je n’étais dans mon bureau à Paris !
Aurélien Colson (MoDem, majorité présidentielle) est un de vos concurrents. Son poste de maire adjoint de Redessan, en prise avec les problématiques des administrés, vous inquiète-t-il ?
Tout d’abord, j’ai été à Paris comme lui qui a exercé des fonctions en cabinet dans la capitale… Je n’ai, certes, jamais été élu, mais j’ai eu des fonctions locales professionnelles avec des connaissances variées comme je vous les ai citées. J’ai également de l’expérience associative, j’ai participé à la création et au développement du Samu social à Nîmes, j’ai été secouriste à la Croix Rouge française dans le Gard. J’ai toujours eu cette appétence pour le terrain. On aura beaucoup de mal à daigner mon ancrage sur le territoire nîmois et gardois, que j’aime par-dessus tout et que je connais par cœur.
L’Observatoire de la laïcité, dont vous avez été Rapporteur, a été critiqué par certaines personnalités politiques qui lui reprochaient de ne pas faire assez contre l’islamisme. Il a finalement été supprimé, est-ce un aveu d’échec ?
Deux ou trois personnes disaient ça, dont Caroline Fourest, toujours les mêmes donc… Il y a eu des critiques totalement infondées. C’est au CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, ndlr), que revient le rôle d’assurer la lutte contre l’islamisme. On ne pouvait pas nous reprocher une mission qui n’était pas la nôtre. L’Observatoire n’a, juridiquement, jamais été mis en défaut, les membres étaient de tous bords politiques, et pourtant les rapports ont tous été adoptés à l’unanimité. Il n’y a eu aucun échec, bien au contraire.
L’écologiste Béatrice Leccia était annoncée comme candidate sur votre circonscription, avant que les plans ne changent pour faire apparaitre votre nom. Une candidature masculine a-t-elle plus de chance de gagner en politique ?
Cela n’a rien à voir. La consigne du bureau national des Ecologistes étaient que tous les candidats qui avaient déjà battu campagne puissent repartir et capitaliser sur la campagne passée, d’autant que le délai de ces législatives est extrêmement court. Il se trouve que les référents régionaux ont remonté le nom de Béatrice au lieu du mien, il s’agit simplement d’un quiproquo. Béatrice Leccia est une femme engagée, il était important qu’elle puisse partir avec moi en tant que suppléante.
Pourquoi repartir en campagne alors que vous aviez échoué en 2022 ?
Nous avions échoué de quelques voix sur une circo très à droite. Nous avions fait le meilleur score de cette circo sur la gauche, avec 48% au deuxième tour et en tête au premier tour. Sur le premier tour, Philippe Berta (député sortant, MoDem) a sauvé sa tête car Reconquête était candidat et a volé des voix au RN. Certains pensaient d’ailleurs que je ne serai même pas présent au second tour…
Un candidat fiché S en Vaucluse, Philippe Poutou (NPA) accusé d’apologie du terrorisme, Jean-Luc Mélenchon (LFI) qui nourrit les clivages, vos alliés au sein de ce Front populaire ne sont-ils pas un peu encombrants?
Je suis un peu ahuri de cette campagne médiatique très axée sur des reproches infondés concernant le Front populaire, alors que le pire, le RN, est aux portes du pouvoir. Des personnes qui assument de remettre en cause la liberté de la presse, de privatiser les service public pour le mettre aux mains des milliardaires, de remettre en cause le droit des femmes… Dans ce débat, on met un signe égal entre l’extrême droite et la gauche. Je rappelle que le Front populaire, c’est la gauche, pas l’extrême gauche. Pour faire barrage au RN, on se doit d’être très largement uni, de Place Publique à LFI. La gauche et les progressistes sont au cœur d’un contrat de législature ambitieux pour changer la vie des Français.
Vous êtes « apparenté » écologiste, pourquoi ne pas vous encarter ?
Je n’ai jamais vraiment apprécié être dans des appareils, j’ai eu de mauvaises expériences passées. Les écologistes sont venus me chercher et j’en suis très honoré. Je songe à les rejoindre de manière plus claire en prenant ma carte. Car évidemment on a besoin des partis, ils structurent la vie politique.
Comment financer le SMIC porté à 1600€, proposé par le NFP ?
Par une meilleure redistribution des richesses. On constate une profonde inégalité entre les supers riches, soit une infime partie de la population et le reste des Français. Les très haut revenus payent en moyenne 2% d’impôts quand les autres en payent 20% avec la TVA ! Il s’agit d’avoir un impôt plus progressif et de faire en sorte que les supers riches et les très grands groupes puissent prendre leur part dans la répartition de la charge de l’effort. Cela constituerait une manne financière colossale.
Les Gardois qui ont voté majoritairement pour le RN aux Européennes sont-ils dupes, sinon naïfs ?
Les Français sont désabusés, pas dupes. La faute à beaucoup de trahisons des politiques élus, un mépris de classe de ceux qui nous gouvernement, et une verticalité du pouvoir. On l’a vu avec l’utilisation du 49.3 est la reforme des retraites rejetée par la population et pourtant adoptée sans débat !
Un mot pour la fin ?
Le RN se présente comme défenseur des classes moyennes et populaires alors que c’est une énorme escroquerie. Il suffit de regarder ce qu’ils ont voté au Parlement européen. Ils se sont opposés à la revalorisation des petites retraites, à l’indexation des salaires sur l’inflation, aux mesures protectrices de l’environnement y compris quand la vie des agriculteurs est mise en danger. Le RN protège les intérêts de certains ultra riches, on le voit à leur connivence avec Bolloré et ses médias. Il se fichent bien du sort des Français. Ce sont des gens dangereux pour notre démocratie. L’extrême droite, on la déjà essayé et ça donne la guerre.