Nicolas Meizonnet, député sortant RN de la 2e circonscription du Gard, candidat aux législatives, répond à nos questions.
InfOccitanie : environ 7 millions d’euros en huit ans, c’est le préjudice supposé pour lequel Marine Le Pen et d’autres prévenus seront jugés à partir du 30 septembre prochain, dans le cadre des soupçons de détournement de fonds publics européens. Un coup dur pour le RN qui prône la moralisation de la vie publique ?
Nicolas Meizonnet : Il y a une divergence sur la question du rôle de l’assistant parlementaire. Au sein du Parlement européen, on considère qu’un assistant parlementaire qui travaille quotidiennement pour un député ne doit pas avoir un engagement politique ou avoir une activité politique en dehors de ses heures de travail. Nous pensons exactement le contraire ! C’est sur ce modèle que fonctionne par ailleurs l’Assemblée nationale. Nous ne sommes pas particulièrement inquiets quant à la décision qui va suivre au sujet de cette manœuvre politique de la part de la Commission européenne. D’autres partis politiques en ont fait les frais et on été relaxés, nous le serons aussi.
« Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah », avait écrit le 22 octobre 2018 le candidat RN de la première circonscription du Morbihan, dans un message sur X. Le RN a finalement réinvesti Joseph Martin, accusé d’antisémitisme. Dans le même temps, vous dites de la gauche qu’elle est « dans une dérive hallucinante qui encourage l’antisémitisme ». Un commentaire ?
Libération a mené une cabale de mauvaise foi contre ce monsieur. Après enquête, ce tweet, qui n’est pas clair, je l’admets, était en réalité publié le jour de la mort de Robert Faurisson, négationniste notoire, dénoncé par Joseph Martin ! Ce dernier est par ailleurs un Gaulliste au parcours exemplaire. Aujourd’hui, l’antisémitisme prospère au sein de cette union quasi affichée entre l’extrême gauche et les islamistes. Ce Nouveau front populaire inclut Philippe Poutou du NPA, qui avait publié un communiqué abject le lendemain du 7 octobre, qualifiant le Hamas de mouvement de résistance.
Le Medef juge les propositions économiques du Rassemblement national « dangereuses ». Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a asséné au sujet du RN : « Toujours plus de dépenses, une relance de l’activité par le soutien artificiel au pouvoir d’achat, qui va augmenter la dette, faire exploser les taux d’intérêt ». Votre programme économique est-il réaliste ?
Ce n’est pas le Medef pour commencer, mais le patron du Medef qui a porté ce jugement, c’est différent. Rappelons qu’il n’est pas un adversaire de Macron… Un sondage Ifop révèle que 41% des chefs d’entreprise songeraient à voter pour le RN. Notre programme est sérieux, avec un audit des comptes publics annoncé par Jordan Bardella en premier lieu. Cela nous permettra de déceler des pistes d’économie, la fraude sociale pèse 15 milliards d’euros à la France à minima. Des économies seront réalisées avec la fin de la submersion migratoire que nous défendons. Le programme du RN coûte 10 milliards par an selon l’IFRAP, nous n’avons pas de leçons à recevoir des « Mozart de l’économie » qui laissent une dette de 1000 milliards d’euros en septembre dernier.
Vous n’abordez pas la lutte contre les niches fiscales qui représentent un désastre bien plus conséquent pour les finances publiques mais plus complexes à éradiquer… Le RN manque-t-il de courage ?
Je ne suis pas expert dans le domaine de la fraude, mais nous proposons depuis des mois des amendements pour taxer les superprofits, ces profiteurs de crise qui s’en sont mis plein les poches pendant la crise Covid et la guerre en Ukraine. Il est hors de question de se coucher devant ces gens-là, nous ne sommes pas les laquais de Michel-Édouard Leclerc.
Une étude de l’OCDE révèle que chez tous les Etats membres, la contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation, pour la période 2006-2018. En France, la contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger est même de 1,02 % du PIB, donc légèrement excédentaire. Que vous inspirent ces chiffres ?
Il y a des études contradictoires. Tient-on compte du fait que le taux de chômage est deux fois supérieur chez les personnes étrangères en France, comparées aux nationaux, des dispositifs d’urgence en faveur des mineurs non accompagnés ou des migrants, de la délinquance, des conséquences sur les finances publiques ? Je rappelle que près d’un quart de la population carcérale française est de nationalité étrangère. L’immigration coûterait entre 15 et 40 milliards d’euros par an à la France. J’ai été conseillé départemental gardois, j’ai été sidéré de voir qu’un mineur non accompagné pouvait coûter jusqu’à 50 000 euros par an. En 2023, la France a battu le record avec plus de 300 000 titres de séjour délivrés !
Quels sont vos chevaux de bataille ?
Ma circonscription est très rurale avec beaucoup d’agriculteurs et de viticulteurs. Nos agriculteurs mobilisés sur l’A9 n’ont pas trouvé de réponse dans l’action du Gouvernement. Si je suis réélu, je serai extrêmement mobilisé sur la question de la concurrence déloyale des vins espagnols. Quant à nos traditions, elles sont prises en étau entre la technocratie parisienne et bruxelloise et l’extrême gauche qui souhaiterait les voir interdites, je serai attentif.
Quelle action en soutien aux pêcheurs ayant annulé la Saint-Pierre en raison des restrictions d’embarcation imposées par l’administration ?
J’avais interpellé la ministre de la Mer à travers une question écrite, qui n’a pas fait cas de cette interpellation. Je l’ai également transmise au Préfet. Le nombre de personnes par embarcation est beaucoup trop restreint pour que la fête puisse avoir lieu de manière normale. Une fête qui dure depuis 30 ans et pour laquelle il n’y a jamais eu le moindre accident. Cela dit quelque chose de la technocratie qui se fiche éperdument de cette France périphérique, qui roule sur elle comme un rouleau compresseur.
Dans votre circonscription, Sophie Pellegrin-Ponsole est candidate Horizons (Majorité présidentielle), dont le président Edouard Philippe a acté une rupture avec Emmanuel Macron. Cette émancipation de l’aura présidentielle est-elle une menace pour vous ?
Je considère que s’émanciper à la dernière minute de Macron ne l’exonère pas du partage de bilan. Edouard Philippe a été son Premier Ministre, il est donc comptable de sa politique. Les Gardois ne sont pas dupes de sa proximité idéologue avec le Président de la République.