InfOccitanie : Vous siégez au sein de l’opposition du conseil municipal de La Grande Motte. Comment vous décrire en quelques mots ?

Serge Durand : Je suis Grand-Mottois depuis 1977, je siège au conseil municipal depuis trente ans. je connais parfaitement les aspirations des Grands-Mottois, les besoins de la ville. J’y ai éduqué mes enfants, dont deux exercent ici en tant que notaires. J’ai été maire de la commune de 1995 à 1999. Je suis issu d’une famille de sept garçons, mon père était manoeuvre. J’ai payé mes études en travaillant l’été et l’hiver comme vacataire au théâtre. Je suis d’une droite sociale, démocrate et républicaine. Ce qui m’oppose au maire, c’est une vision différente. Par ailleurs, je n’ai pas besoin de politique pour exister…

InfOccitanie : Vous insinuez que c’est le cas pour le maire, Stéphan Rossignol ?

Serge Durand : Mon opinion, c’est qu’il se sert de la Ville pour satisfaire ses ambitions personnelles, notamment celle selon moi de devenir sénateur. Pour rappel, il a échoué aux élections législatives de 2012. Sur le fond, je souhaite préserver la Grande-Motte impulsée par le Général de Gaulle, mise en scène par Jean Balladur. C’est-à-dire, ne pas dénaturer cette belle ville. Ma priorité est d’arrêter ce projet de bétonnage du port que le maire qualifie de « Ville-Port » avec le vernis de la communication.

InfOccitanie : « Symbiose entre le tourisme, l’économie nautique, l’urbanisme, l’espace public, le vivre-ensemble, les services et la mobilité, le Projet Ville-Port est un subtil dosage entre l’existant et l’acceptable, empreint d’ambition », indique la Ville sur son site internet. Vous ne semblez pas être du même avis…

Serge Durand : Pour créer quoi ? Des commerces ? Il y en a suffisamment. Des logements ? Ceux qu’il propose sont inaccessibles aux Grand-Mottois. Le premier projet de Ville-Port a été abandonné, évalué alors à 120 millions d’euros, il y a cinq ans. Le second projet a été revu à la baisse, il ne comprend plus la création de 400 anneaux supplémentaires. Dans l’ancien projet, la ville s’enrichissait d’un agrandissement du port, dans celui-ci, il s’agit uniquement de créer les infrastructures pour construire du logement et pour transférer les locaux actuels du port. 31 millions seront financés par la Ville dans ce second projet de Ville Port.

InfOccitanie : Vous êtes candidat en 2026. Parmi vos propositions, construire une centaine de logements à loyer modéré, comme les financez-vous ?

Serge Durand : Avec l’arrêt de ce projet de bétonnage et l’économie de 31 millions d’euros qui en résulte ! Une grande partie des employés municipaux ne vivent pas à la Grande-Motte faute de moyens. Le maire a évoqué la construction de logements soi-disant abordables à venir, c’est une miette comparé aux besoins massifs. Par ailleurs, je suis pour la réhabilitation du parc immobilier ancien par le regroupement de logements, en créant une exonération de la taxe foncière incitant les propriétaires à regrouper leurs appartements et en faire des plus grands.

InfOccitanie : Plus de 75 millions d’euros investis entre 2020 et 2025. Modernisation du port, rénovation des équipements, développement des mobilités douces, transformation de l’espace urbain… Le maire n’a pas chômé durant ses trois mandats…

Serge Durand : Je n’ai jamais dit qu’il n’avait rien fait. Il faut en revanche que vous sachiez que dans ce que je considère comme investissement, il y a le remboursement du capital lié aux emprunts. Le maire présente les choses de telle manière que les gens rêvent, c’est un politicien professionnel. En attendant, notre population n’augmente plus, elle vieillit. Cinq classes en primaire et maternelle ont été supprimées au cours des ces cinq dernières années. Sur le quai Pompidou, trois restaurateurs ont déposé le bilan en plein été. Il n’y a que le front de Mer et le Quai d’honneur qui travaillent, et encore péniblement.

InfOccitanie : Parlons finances. Le délai de désendettement de La Grande-Motte se porte à 1,4 année à ce jour (voir article Métropolitain ici). Les impôts locaux n’ont pas augmenté depuis 18 ans à La Grande-Motte. Que reprochez-vous à la fiscalité ?

Serge Durand : Il me parait bon de rappeler que le maire a augmenté le taux d’imposition de 15% lors de sa première année de mandat en 2008, lui permettant de récolter pendant des années les fruits de cette augmentation. Si le taux d’imposition n’a pas été revalorisé, la base, elle, oui, augmentant mécaniquement l’impôt pour le contribuable. J’aimerais ajouter par ailleurs que le maire appauvrit le patrimoine municipal en vendant du foncier pour plusieurs millions d’euros. C’est comme si pour ravaler la façade de votre maison, vous vendiez la piscine la première année, puis le garage, etc. Ah oui c’est sûr, vous n’avez pas emprunté !

InfOccitanie : Vous allez jusqu’à affirmer que le maire « asphyxie » les résidents secondaires. Sur quoi vous appuyez-vous ?

Serge Durand : Le maire a augmenté la taxe d’habitation des résidents secondaires de 40%, voté en conseil municipal par sa majorité. Les résidents secondaires au nombre de 13 000 environ ici, paient la taxe foncière très cher, mais en plus subissent une hausse de la taxe d’habitation. Cette augmentation rapporterait 2 millions d’euros par an, plus de 500 villas sont concernées ici. Je connais des gens qui ont un petit appartement, ils payent 1500 euros de taxe foncière, et autant en taxe d’habitation, pour passer cinq semaines par an à la Grande Motte… Est-ce normal ? La location ? Vous pensez que celui qui a économisé toute sa vie pour acheter un studio louera facilement à une famille ? Je m’engage à supprimer cette augmentation et à renoncer à toute augmentation à venir si je suis élu.

InfOccitanie : Dans quelle autre enveloppe souhaitez-vous faire des économies ?

Serge Durand : Si je suis élu, je supprimerai chauffeur particulier, voiture de fonction et je réduirai l’équipe de collaborateurs du cabinet. Un rapport de la Cour régionale des comptes, en date de juin 2023, pourtant sur les exercices 2017 à 2022, pointait que le maire utilisait à son service sept collaborateurs pour faire fonctionner son cabinet, alors qu’il n’avait droit qu’à trois personnes. Mon opinion, c’est qu’il bénéficie d’un encadrement qui supplée ses carences.

InfOccitanie : Création d’une cité administrative, quel est ce projet que vous mûrissez ?

Serge Durand : Je souhaite créer au coeur de ville, à l’emplacement du Théâtre de verdure, une cité administrative qui regroupera le Conservatoire de musique. Le maire veut le faire dans le quartier résidentiel, personne n’a envie de milliers de voitures empruntant les chemins voyons ! La Cité regrouperai la bibliothèque, le centre communal d’action sociale, l’antenne de France Travail, de la CPAM, des caisses de retraites et d’organisme sociaux, des locaux pour des associations et des bureaux pour la mairie. Il faudrait également améliorer la qualité de vie, il est impératif de renforcer l’éclairage public, il y a de grosses carences, et réhabiliter les chemins piétons.

InfOccitanie : Sécurité, vous dressez un bilan plutôt sombre de ce côté également.

Serge Durand : C’est l’une de mes priorités. Je rappelle qu’en 1996, lorsque j’étais maire, j’ai crée une police municipale de proximité, disponible 7j/7, 24h/24. En une année, j’ai triplé les effectifs de police. Certains policiers me parlent, c’est la rogne. Plusieurs cadres souhaitent partir, ils se confient à moi discrètement. Jusqu’à maintenant, les heures de nuit étaient payées en heure supplémentaire, aujourd’hui le maire supprime ceci !

InfOccitanie : Que proposez-vous en matière de stationnement ?

Serge Durand : Je souhaite construire un parking sous-terrain à la place du Théâtre de verdure, permettant de résoudre une partie du problème. A l’issue du mandat, je m’engage à créer plus de 500 places de parking. Contrairement au maire, je ne chercherai pas à tout prix à faire du stationnement une recette supplémentaire, au motif d’une « meilleure rotation ». Le stationnement sera payant d’avril à septembre et gratuit en dehors. L’été, le parking sera gratuit à partir de 18h, afin d’accueillir une nouvelle clientèle. En termes d’animations, je signerai le retour du Carnaval de fin de saison, du festival des cultures, de musique comme le jazz…

InfOccitanie : Vous estimez que les différentes casquettes du maire l’empêchent d’être pleinement investi, pour quelles raisons ?

Serge Durand : Si je suis élu, je serai le maire de tous les Grand Mottois, résidents et secondaires, la différence c’est que je serai consacré à 100% à ma ville. Le maire consacre son temps à la Ville, mais également à l’Agglo dont il est le président, à la Région en tant que conseiller, et également en politique. Pour ma part, je rassemble des Grand-Mottois de bonne volonté dans ma liste « Rassemblement Grand-Mottois », composée de commerçants, de personnalités politiques, etc. J’entends déjà les arguments sur mon âge (76 ans, ndlr), il n’y a qu’à voir notre voisin aux manettes à Palavas, plus de 80 ans, et il entend bien se représenter…

InfOccitanie : Des événements tel que le salon International Multihull Show visent à renforcer le rayonnement et l’attractivité économique de la ville. Vous dénoncez un gaspillage de deniers publics…

Serge Durand : Je ne suis pas contre ces événements, c’est l’enveloppe dédiée qui est scandaleuse. Le maire achète ce genre d’événement, cela a un coût faramineux, plus la mise à disposition du matériel, des agents municipaux… Pour quoi ? Faire travailler cinq ou six hôtels ? Donner directement un billet à ces hôtels, ça ira plus vite ! Je propose que pour chaque installation, comme la fameuse pergola avec des couleurs – je vous invite à vous renseigner sur son coût – une étiquette soit apposée mentionnant le coût exact. Les habitants ouvriront les yeux sur le gaspillage, soyez-en sûre. Le salon du livre, c’est pareil, faire venir des écrivains, contre qui je n’ai rien au passage, à des prix faramineux, c’est aberrant ! Idem pour certaines expositions de peinture…