Sahelle De Figueiredo, alias Noor dans la série ‘Demain nous appartient’, revient sur son parcours, ses passions et ses projets dans les cartons.
« Vous jouez très bien, on est ravis de vous croiser aujourd’hui ! », dixit un couple de retraités à l’adresse de notre interlocutrice du jour. Vous la connaissez sous le prénom de Noor, attachante infirmière dont les péripéties bercent votre quotidien sur Tf1. Au compteur : 10 millions de téléspectateurs par semaine en moyenne, rien que ça. A 24 ans seulement, Sahelle De Figueiredo a réussi le pari de s’implanter durablement dans les intrigues de la série Demain nous appartient. Pétillante, elle s’excuse du retard de cette voix gracieuse qui la caractérise. Elle qui a pour horreur de faire attendre qui que ce soit.
Sétoise dans l’âme
Originaire de Colmar en Alsace, la comédienne atterrit à Sète à l’âge de 8 ans. Une enfant du pays, qui a assisté à l’essor du « tourisme spécial DNA ». Elle ne compte plus les fois où des inconditionnels de la série l’ont interpellée dans la rue. Lors de l’inauguration de la boutique Demain nous appartient, elle se souvient de la foule dense. « On était escortés par des vigiles, on ne pouvait pas sortir, on avait l’impression d’être des rockstars », dit-elle avec le sourire. Un engouement déstabilisant pour le quidam, auquel elle s’est accoutumée au fil de l’eau. Attachée à Sète et sa MJC, Sahelle peut se targuer d’être un porte-drapeau de la ville des joutes. Un passage au lycée Paul Valéry, des pérégrinations au Conservatoire de Montpellier, à Paris, avant de revenir à la maison mère. Ici, elle « fait sa petite vie ». Entendez, elle boit des verres avec des amis, bouquine et s’oxygène sur la corniche.
Une envie d’architecte à la base
C’est sur le métier d’architecte que la comédienne lorgnait au départ. Le papa qui révélait ses talents sur les chantiers n’a jamais fait l’école d’architecture comme prévu. Devait-elle y voir une forme de revanche ? Elle a bien pensé à devenir vétérinaire. Les euthanasies lors de son stage ont dénaturé sont rapport aux animaux qu’elle affectionne tant. C’est à la MJC de Sète que Sahelle s’épanouit dans le brassage des populations. Des séjours sont organisés à l’étranger pour extraire les jeunes de leur cocon urbain. Là-bas y règne « une âme » particulière, une ouverture au monde. A tel point qu’elle aimerait en faire le théâtre de la série qu’elle concocte actuellement. « Ma série est un mélange de drame, d’amour, de chant, de rap, de drogue… », un cocktail underground qui promet des surprises.
Le théâtre l’enveloppe de ses bras à seulement dix ans. La chanteuse dans l’âme se livre très tôt à des mises en scène filmées par sa maman à la maison. « Je suis quelqu’un de très timide », se confie-t-elle. L’exercice théâtrale permet alors de délier son anxiété, de prendre la parole en classe. La passion se poursuit au sein d’une troupe de théâtre aux collège et lycée, en Occitan s’il vous plait ! Un festival est mis sur pied et les troupes se confrontent avec celles de Catries, Montpellier ou Frontignan.
Quand un destin tient à un verre de cola
Elle y va pour flâner et y boire un verre de cola. L’élixir sera décisif pour sa carrière. A la MJC, il se murmure qu’un casting se déroule à Sète, une dame tend une feuille. « J’étais juste derrière, elle ne m’avait pas vue, donc je demande de quoi il s’agit », narre-t-elle. Dubitative, elle tente de raisonner son ami. « Ils ne nous prendront jamais, ils cherchent des professionnels, on fait 1h30 de théâtre par semaine… ». Elle s’y présente quand même, « rien à perdre, toutes les experiences sont bonnes à prendre ». Sahelle apprend une scène, et découvre le jour J qu’il y en a deux. « Je n’étais pas fière de moi après ma performance », nous confie-t-elle. Le producteur ne le voit pas de cet œil. « Sahelle, tu es prise pour le rôle de Noor Beddiar dans DNA », l’euphorie dans un premier temps. Puis vient l’angoisse chez la jeune femme de 17 ans, « serai-je à la hauteur ? ». Elle qui mène son Bac en parallèle, se lance dans sa première scène. Un seul mot : « maman ». Une séquence à haute teneur émotionnelle, « mon frère venait de mourir, je devais consolais ma mère, ça commençait très fort ! ». Puis les autres séquences s’enchainent. Voilà presque sept ans que ça dure, « j’ai visiblement réussi le test ». La comédienne constate avec plaisir les retombées économiques pour la ville de Sète. « La série fait travailler énormément de gens. Accessoire, régie, traiteur, maquillage, beaucoup de techniciens sont locaux », souligne-t-elle.
Un long métrage
Certaines anecdotes sont marquantes. La mort de sa mère de fiction se révèlera un exercice d’interprétation stimulant. « Ils nous ont écrit de belles choses, c’était très touchant », se remémore-t-elle. Il y a cette bague que l’actrice Samira Lachhab (sa mère de fiction), lui donne au moment de quitter la série. Elle sera par ailleurs intégrée dans l’écriture du scenario. « Elle m’a fait beaucoup évoluer, on a vraiment eu une relation mère/fille », précise-t-elle avec émotion. A côté de ses 43 journées (minimum) de tournage dans l’année, Sahelle est à l’affiche d’autres projets artistiques. Elle est par ailleurs le premier rôle féminin d’un long métrage ‘Jusqu’au bout du monde’ disponible les 19 et 20 avril prochains. Le synopsis ? Deux enfants orphelins développent un lien fraternel puissant tout autant que destructif. Ce n’est pas tout, celle qui faisait du chant au lycée a bien envie de s’y remettre. Avec une voix aussi apaisante, tout coule de source.