Dans l’esprit du plus grand nombre, le rugby est souvent synonyme de camaraderie et convivialité et, plus récemment, il tend également à rimer avec inclusivité. C’est le mot d’ordre que perpétue le club de rugby Los Valents de Montpelhièr, depuis une vingtaine d’années. Rencontre avec les membres de l’association montpelliéraine, pour qui l’inclusion s’allie à la passion.
11 décembre 2023, 19 heures 45, la nuit et le froid s’emparent progressivement du terrain de rugby de Jacou, aux abords de Montpellier. Pendant que les résidents principaux peinent à terminer leur entraînement, certains commencent tout juste à enfiler les crampons et les shorts. De l’extérieur, la lumière et les éclats de rire qui émanent du « Club House » invite à y pousser la porte et pénétrer ainsi dans l’antre accueillante de Los Valents de Montpelhièr. Ici, dès l’arrivée, l’ambiance se veut joviale et chaleureuse et ferait presque oublier la brise hivernale de l’extérieur. Chaises, tables, bar, cuisine, rires et discussions amicales donnent l’impression de retrouver une bande de copains dans un café du centre-ville, après une journée de travail. C’est dans ces lieux et cette ambiance conviviale que se réunissent chaque lundi soir Antoine, Hugo ou encore Vincent en compagnie des autres membres et joueurs amateurs de l’association, avant de procéder à leur entraînement hebdomadaire de rugby.
Tous les profils sont les bienvenus
Depuis sa création en 2004, l’association se veut ouverte à tous les profils. « Chez nous, l’idée est de faire du rugby. Donc tous les gens qui veulent jouer au rugby sont les bienvenus, nous n’avons pas de critère », livre Hugo, membre de l’association et responsable de la communication du club. Pour lui et la trentaine d’autres adhérents, ces valeurs d’inclusion sont l’essence même de Los Valents.
Il est important de savoir que l’on est dans un premier temps un club inclusif et pas premièrement un club LGBT-friendly dans le sens où nous ne sommes pas militants pour les droits LGBT et ce genre de chose.
Hugo, membre de l’association et responsable de la communication de Los Valents de Montpelhièr
« Nous sommes inclusifs dans le sens où nous ne posons pas de question à l’entrée dans le club », explique le joueur attablé en habits de sport. Ici, tous les profils cohabitent et partagent leur passion pour le sport au ballon ovale, peu importe leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine sociale ou leur âge.
Une notion d’inclusivité qui se fait également ressentir au niveau du porte-monnaie. En effet, avec des tarifs d’adhésion relativement bas (130€) pour bénéficier d’une licence de la Fédération Française de Rugby, le club ne veut pas faire de différence. Cependant, cette idée et volonté d’inclusion ne serait rien sans la solidarité et la camaraderie de chacun. « Par exemple, on va participer à la Coupe du Monde de Rugby des clubs gay friendly et inclusifs à Rome, le 26 mai 2024, affirme Hugo. » Avant de poursuivre : « Il faut payer une adhésion, un billet d’avion, un hébergement sur place. Tout ça est mis en commun pour ne pas laisser des gens sur la touche ».
L’inclusivité jusque sur le terrain
19 heures 55, la sortie des vestiaires s’initie pour la vingtaine de joueurs présents à l’entraînement du jour. Chez Los Valents de Montpelhièr, le rugby se pratique dans sa dimension de « loisir », c’est-à-dire que les règles sont les mêmes qu’au niveau professionnel avec quelques adaptations. « D’abord, nous jouons trois fois 20 minutes au lieu de deux fois 40 minutes avec autant de changement que l’on veut, les mêlées sont simulées et on ne joue pas au pied, sauf dans les 22 mètres afin d’éviter les contacts qui peuvent provoquer des blessures », souligne Hugo en enfilant ses crampons.
Malgré le froid tenace et pendant que les derniers entraînements aux alentours se terminent, celui de Los Valents débute. Sur le terrain, la bonne humeur du Club House demeure, mais ne vient pas entacher le caractère sérieux de l’entraînement. Ici, pas d’entraîneur attitré. « C’est très amateur, donc plusieurs personnes peuvent prendre en main l’entraînement, c’est assez participatif », raconte Hugo avant de partir s’entraîner.
« Le but de l’exercice est simple », commence à expliquer le coach du jour, avant qu’Antoine, l’un des joueurs, rétorque naturellement : « Non, tu trompes. Le but, c’est au foot », le ton de l’entraînement est donné. Blagues et exercices s’enchaînent. Pendant près de deux heures, les joueurs s’appliquent à reproduire tant bien que mal les consignes données par l’un des entraîneurs dévoués. Ce soir-là, Vincent, le président du club, est l’un d’entre eux. Entraînement aux passes, au lancer de touche, aux contacts, les exercices s’enchaînent dans un esprit de camaraderie. « On passe au copain », « On essaye de dire le prénom du copain à qui on envoie le ballon », tant de procédés utilisés afin de faire régner la cohésion et l’entente entre les joueurs. Cependant, le sérieux n’est pas laissé sur le banc de touche.
22 heures, l’entraînement se termine et le moment pour les joueurs et amis de se retrouver autour d’un verre et d’un bon plat préparé par les soins de Vincent, élu « pour sa bonne cuisine » selon ses dires. Un moment de convivialité et de détente bien mérité pour les joueurs avant leur prochain match face aux Corto fin janvier.