Depuis plusieurs mois, d’importantes ruptures de médicaments sont recensées partout en France. Une situation devenue critique et insoutenable pour les pharmaciens qui se voient dans l’incapacité de fournir les médicaments nécessaires à leurs patients.
En 2023, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a comptabilisé près de 4900 signalements de médicaments en rupture, contre 3761 en 2022, soit une hausse de 30%. A Montpellier, les pharmacies n’échappent pas à cette situation et sont également impactées par ces problèmes d’approvisionnement grandissants. « Ca touche toutes les classes de médicaments pas seulement les antibiotiques malheureusement », témoigne Christelle Fraisse, pharmacien titulaire à la Pharmacie Rondelet à Montpellier. Christelle et les autres professionnels de santé travaillant dans cette pharmacie sont impactés quotidiennement par cette crise et sont alors dans l’incapacité d’honorer, dans son intégralité, « une ordonnance sur deux« . Dans cette autre pharmacie du centre-ville, ici les médicaments arrivent « au compte-gouttes », confie cette pharmacienne. « Alors on essaye de trouver des substituts et de s’arranger avec les médecins mais cela nécessite beaucoup plus de travail de notre côté. Mais c’est notre quotidien désormais », livre la professionnelle de santé en riant jaune.
Les clients en première ligne
« Le patient est obligé de courir dans toute la ville pour essayer de trouver son médicament et encore, faut-il le trouver », raconte Christelle Fraisse, quand il est question du sort des clients qui sont dans l’incapacité de se procurer certains médicaments et donc de se soigner convenablement. « Pour se procurer de l’insuline en pharmacie c’est très très compliqué », racontent ces deux pharmaciennes du centre-ville. « Malheureusement, on le dit une fois, deux fois, trois fois à des clients que l’on ne possède pas les médicaments souhaités, et sur le long terme ils s’énervent, car ils ne peuvent pas se soigner. C’est un cercle vicieux », témoignent les deux employées en pharmacie.
Une situation étouffante, prise au sérieux par les Gouvernements, que ce soit à l’échelle nationale avec une feuille de route sur trois ans pour lutter contre ces pénuries, qui a été dressée en février dernier, par le ministère du Travail de la Santé et des Solidarités. Également à l’échelle européenne cette crise est étudiée avec la création d’une Alliance des médicaments critiques à Bruxelles.