Depuis son arrivée à la CMA 34 en 2016, Christian Poujol met un point d’honneur à sillonner « le terrain », en maillant l’intégralité de l’Hérault. « Les entrepreneurs me transmettent des messages, me confient leurs inquiétudes. Certains s’estiment éloignés des formatons, raison pour laquelle j’entends bien les démultiplier… », liste le président dans son bureau, ZAC de Pierrevives à Montpellier.
4000 artisans supplémentaires chaque année
Chaque année, environ 4000 artisans supplémentaires voient le jour dans l’Hérault. Une bonne nouvelle ? « Pas tout à fait, certains s’inscrivent pour une courte durée en autoentrepreneur, pour récupérer des marchés car ils ont des contacts, mais pas de qualifications. Cela conduit finalement à plus de pauvreté, moins de créativité et de constructions », juge Christian Poujol.
Auto-entrepreneuriat, la bonne formule ?
L’autoentrepreneuriat, une formule qui séduit au regard de son allégement administratif. « Il y a peu de charges, mais l’autoentrepreneur ne déduit pas l’assurance de la voiture, les frais d’usure, la TVA quand il achète des matériaux. Au final, certains métiers coûtent plus cher à exercer en autoentrepreneur qu’en entrepreneur », calcule le président de la chambre consulaire, ancien tailleur de pierre.
53 182 établissements dans l’Hérault, 41% issus du BTP
Dans l’Hérault, 53 182 établissements sont inscrits au répertoire des métiers répartis comme suit : 41% bâtiment, 36% services, 12% alimentation et 11% fabrication. Le bâtiment domine le tableau avec 21 687 établissements inscrits dans l’Hérault en 2025. « Je suis fier de la féminisation qui est passée de 17% à mon arrivé à 26% aujourd’hui », confie Christian Poujol. Les entreprises du BTP souffrent-elles d’un ralentissement de l’activité ? « Dans la généralité, ce sont les entreprises de plus de 50 salariés qui sont impactées, je ne peux pas en dire autant pour les entreprises artisanales de moins de 10 salariés qui sont majoritaire dans l’Hérault », relativise le président.
L’allotissement, un des remèdes ?
Un des leviers pour booster l’activité selon Christian Poujol : « que le gouvernement allège la pile de paperasse, ainsi que les charges sociales et fiscales ». Le même d’illustrer : « un appel d’offres, vous n’imaginez pas la lourdeur du processus ». Autre solution pour remplir le carnet de commandes, faciliter l’allotissement dans le cadre des marchés publics, « au lieu d’un seul marché à 100 000 euros, il faut découper en plusieurs marchés afin que les artisans locaux aient plus facilement d’accès », suggère Christian Poujol. La CMA 34 accompagne par ailleurs les artisans sur les outils et la méthodologie concernant les marchés publics.
« Les parents n’ont pas forcément envie d’amener leur enfant à Montpellier »
La CMA 34 mise sur la proximité des formations. Raison pour laquelle un nouveau centre de formation dédié au BTP a été inauguré en août 2024 à Clermont l’Hérault. Objectif ? Former jusqu’à 150 jeunes apprentis par an pour répondre aux besoins des entreprises artisanales du cœur d’Hérault. Plus de 2000 artisans sont installés sur le territoire de la Communauté de commune et 500 sur Clermont l’Hérault. « Tous les parents ne peuvent pas, ou n’ont pas envie de conduire leur enfant à Montpellier par exemple. Nous avons été plébiscités par beaucoup d’entreprises du bâtiment pour ce centre de formation », témoigne Christian Poujol.
7,2 millions d’euros de budget
A la CMA de l’Hérault, le budget est fort de 7,2M d’euros, dont 50% fléché sur les 120 salariés. L’équilibre financier est mis à mal cette année. « Avant, les artisans payaient leur taxe à la direction des finances publiques, soit l’Etat. Ce dernier reversait alors 80% de cette somme, repartie entre les 92 CMA en France », expose Christian Poujol. Les règles ont changé, non sans conséquences : « cette année, l’Etat nous enlève 25% de cette somme, avec pour objectif d’arriver à zéro euro. La CMA de l’Hérault perdra environ 250 000 euros ».
Rééquilibrer la balance
Résultat, certaines prestations, jusqu’alors gratuites, sont facturées aux artisans afin de compenser et trouver des « produits ». Christian Poujol constate amèrement : « notre façon de travailler a changé, on ne peut plus apporter des services complètement gratuits à nos ressortissants. On n’est pas là pour faire du business, mais il nous faut rééquilibrer les comptes ». Une bascule financière qui n’impacte pas la vision stratégique de la chambre pour autant, un nouveau centre de formation est en pourparlers…