Depuis 2023, une affaire concernant la tauromachie espagnole secoue la ville de Pérols, dans l’Hérault. Après 21 années d’interruption, le maire de la ville, Jean-Pierre Rico, a décidé du grand retour des corridas. Dans la lignée de cette annonce, une novillada (corrida opposant de jeunes taureaux à de jeunes toreros) a été prévue le 15 juillet dernier. Cette annonce a rapidement été à l’origine d’une forte mobilisation citoyenne.
L’Alliance Anticorrida s’est donc emparée de l’affaire. Association fondée en 1994 à Nîmes, l’Alliance Anticorrida oeuvre pour l’abolition des corridas ainsi que la suppression des blessures infligées aux animaux utilisés durant les spectacles taurins. À la suite de cette annonce, l’association a donc intenté, devant le tribunal administratif de Montpellier, un recours en annulation visant la suspension de la novillada.
« L’organisation de ce type de manifestation est interdite«
L’affaire a donc été jugée par le tribunal administratif de Montpellier. Pour rappel, le fait d’exercer des sévices graves envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende (article 521-1 du code pénal). Cependant, ce même article prévoit une dérogation. En effet, les dispositions ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Devant le tribunal, l’Alliance Anticorrida a établi qu’à Pérols, la tradition taurine espagnole était interrompue depuis 21 ans. « Si Pérols est marqué par la culture taurine, il ne s’agit que de manifestations sans mise à mort« , aurait affirmé la rapporteure publique à l’audience.
Après délibération, le juge des référés et le juge du fond ont affirmé que l’organisation d’une novillada doit être regardée comme constituant un mauvais traitement volontaire envers des animaux. Étant donné que la tradition locale ininterrompue n’est pas démontrée à Pérols, l’organisation de ce type de manifestation est interdite. D’après les informations communiquées par l’Alliance Anticorrida, les juges auraient donc consacré l’idée de l’interruption de la tradition taurine ainsi que le fait que la violence sur les animaux serait donc pénalement répréhensible dans les arènes de Pérols.
La municipalité a interjeté appel
À la suite de la décision rendue par les juges, la municipalité a décidé d’interjeter appel. L’affaire sera donc à nouveau jugée, cette fois-ci par la cour administrative de Toulouse le 18 septembre prochain. « Il me paraît hautement improbable que la Cour d’appel de Toulouse revienne sur les décisions rendues en première instance, d’autant que l’avocat de la commune de Pérols a enseveli l’association sous des centaines de documents établissant l’existence d’une tradition de courses camarguaises, mais en aucun cas de corrida ! » a confié Claire Starozinski, présidente de l’Alliance Anticorrida.