Après l’exploit chirurgical réalisé pour la première fois au CHU de Montpellier sur un jeune patient de 19 ans atteint d’un lymphœdème, le centre hospitalier réitère une prouesse avec la greffe de cœur artificiel total.
Dans le cadre d’une étude clinique soutenue par la Haute Autorité de Santé, le CHU de Montpellier intègre le groupe restreint des centres habilités pour l’implantation du cœur artificiel total Aeson de la société Carmat. À ce jour, il est le seul centre du sud de la France à proposer cette chirurgie. Depuis décembre 2023, deux patients ont été opérés à l’Hôpital Arnaud de Villeneuve pour l’implantation de cette prothèse de dernière génération
« La prothèse a parfaitement démarré »
Chaque intervention a mobilisé entre 10 et 15 personnels spécialement formés au préalables : chirurgiens cardiaques, anesthésistes-réanimateurs, infirmiers de bloc opératoire, anesthésiste (IADE) et perfusionniste. Les interventions de haute technicité menées par les Dr Philippe Rouvière et Alexandru Nigolean ont duré entre 8 et 9 heures pour près de 12 heures passées en salle d’opération. « A chaque fois, la prothèse a parfaitement démarré permettant de prendre le relai de la circulation artificielle en quelques minutes avec des battements tout à fait similaires à ceux d’un cœur naturel », se réjouit l’équipe du CHU de Montpellier.
Aeson, ce cœur artificiel français !
Le cœur artificiel Aeson de la société française Carmat est un dispositif médical destiné à remplacer les ventricules du cœur natif chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée, en attente de greffe. Aeson est hautement hémocompatible, les matériaux sont bioprothétiques pour les surfaces en contact avec le sang évitant d’endommager les cellules sanguines et réduisant le risque de formation de caillots. Il est également pulsatile, produisant des flux sanguins imitant finement ceux du cœur. Sans compter qu’Aeson est auto-régulé, l’électronique intégrée, les microprocesseurs et les capteurs présents dans la prothèse, permettent un contrôle précis et une adaptation en temps réel d’Aeson en fonction des besoins physiologiques du patient.
Innovation montpelliéraine
Pour la première fois, ces interventions ont été précédées par la mise en place d’un capteur miniature (CardioMems) dans l’artère pulmonaire des patients par l’équipe de cardiologie (Pr Roubille). Les équipes peuvent ainsi suivre de façon exclusive l’évolution des pressions artérielles pulmonaires sous l’effet du cœur artificiel, ce qui est habituellement impossible. Ainsi, des informations nouvelles seront obtenues sur le fonctionnement de la prothèse cardiaque et sur le niveau de correction de ses pressions afin de préparer au mieux une éventuelle transplantation cardiaque. L’accès à cette nouvelle thérapeutique complète l’offre de soins pour les patients en insuffisance cardiaque avancée, aiguë ou chronique, et en attente de transplantation cardiaque et dont la pathologie cardiaque ne permet pas d’utiliser des dispositifs plus simples (assistance mono-ventriculaire gauche).