Les pêcheurs du Grau-du-Roi étaient en grève les lundi 9 et mardi 10 décembre dernier. En cause, le plan West Med, synonyme de restrictions économiques redoutables.

Le port du Grau-du-Roi, habituellement sous le tumulte, était à l’arrêt deux jours durant, signe de protestation contre les restrictions imposées par le plan WestMed, impactant l’économie locale. La visite du ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche, Fabrice Loher, au Grau-du-Roi, il y a quelques semaines n’a pas contribué à apaiser les tensions autour de ce dispositif mis en branle dès janvier 2025.

Qu’est-ce que West Med ?

Le plan WestMed a été déployé depuis 2019 pour réduire de 40 % l’effort de pêche sur la période de 2020 à 2024. Il prévoyait la « sortie de flotte de 14 navires sur les 57 composant la flottille en Méditerranée continentale, ainsi que l’instauration de zones de non pêche et une limitation des jours de pêche », détaille le sénateur gardois PS Denis Bouad qui, inquiet de la « viabilité économique des pêcheries de Méditerranée », a écrit au ministre de la Mer. Cette politique, bien que nécessaire pour protéger les ressources marines, met en péril les chalutiers.

« Derrière ces bateaux, ce sont des familles »

De nombreux navires de pêche français et espagnols en Méditerranée ont choisi de rester à quai de manière symbolique, pendant la réunion du Conseil des ministres européens à Bruxelles qui a défini leurs possibilités de pêche pour 2025. « Derrière ces bateaux, ce sont des familles, des ports, toute une filière et ses communautés côtières qui s’inquiètent pour leur survie », alarme l’Organisation des Producteurs du Sud (OP Sud), qui rassemble plus de 140 navires de pêche artisanale en Méditerranée. Au Grau-du-Roi, le secteur est de taille avec environ 12 000 tonnes de poissons commercialisées chaque année par la SOCOMAP (Coopérative Des Marins Pêcheurs). Ces dernières années, les pêcheurs affirment obtenu des résultats positifs sur les stocks des espèces comme le rouget et la crevette rose. Les pécheurs réclament ainsi un « nombre de jours de mer réaliste », ménageant la population marine et leurs impératifs économiques.

48h de négociation, et après ?

48h de négociation intense se sont déroulées au sein de la Commission Européenne qui ont amené des « décisions bien moins catastrophiques que les prévisions annoncées ces derniers jours », rassure ce jour le Comité National des Pêches Maritimes et des Elevages Marins. En début de négociation, la Commission voulait allouer aux navires chalutiers moins de 100 jours d’activité par an. « Prévision qui a plongé nos pêcheurs du golfe du Lion dans un profond désespoir car cette annonce était synonyme de la fin de la flotte », rappelle le comité. Grand soulagement pour la flotte des chalutiers de Méditerranée grâce aux « mesures compensatoires obtenues ».

A surveiller de près

« Le plan West Med continuera de demander malgré tout des efforts de la part de la profession et sa révision doit être considérée par la Commission comme une priorité dès le mois de janvier, nuance le comité national. En effet, les résultats d’une seule espèce ne doivent pas annuler les améliorations obtenues sur les autres espèces concernées par le plan West Med. Nous tenons à rappeler que de la flotte des chalutiers découle toute la structuration des ports, des criées et du secteur aval en Méditerranée. »