Les voitures sans permis sont utilisées par une clientèle diverse. Tour d’horizon des idées préconçues avec le directeur de la concession Ligier à Caissargues.

Vous avez certainement tenté d’en dépasser une sur la départementale. En quatre ans (2019-2023), la voiture sans permis, ou voiturette, a connu une croissance de 96 %, passant de 13 376 à 26 238 immatriculations neuves en France par an, rapporte le JDD. Au sein de la concession Ligier (groupe MC2), située 2 Avenue de la Dame 2000 à Caissargues, une dizaine de modèles trône au milieu de la décoration Halloween. Trois collaborateurs s’affairent à présenter les dernières fonctionnalités des véhicules du groupe Ligier, fort de deux usines de fabrication en France. Différents modèles existent pour la marque Ligier mais également pour la marque Microcar, proposant ainsi à la vente moteurs thermique et électrique.

Un permis est nécessaire !

Première idée reçue, nul besoin de permis comme le nom l’indique et porte à confusion. Faux. « La législation s’est affinée, à juste titre d’ailleurs », se réjouit Patrick Tchinda, également directeur des concessions Ligier Alès, Montpellier et Béziers. Il faut dire que les pouvoirs publics étaient, à l’origine, peu regardants sur les formalités nécessaires pour enfourcher une voiturette. La législation a depuis évolué, rendant obligatoire le permis AM (qui s’applique aux scooters) pour les personnes nées à partir de 1988. « Ce sont 7 à 8 heures de formation en auto-école, avec théorie et pratique », précise le directeur qui nuance toutefois : « cela reste selon moi insuffisant, j’estime que quelques heures de formation, c’est un peu léger pour prendre la route ». Raison pour laquelle Patrick Tchinda recommande d’être accompagné durant les premières heures de conduite.

Quels publics ?

Ces quadricycles limités à 45km/h et à 425 kg à vide, ne sont pas réservés à la seule clientèle adolescente de 14 à 17 ans. « Nous avons une grande clientèle rurale qui l’utilise pour se déplacer, ou des personnes qui ne sont pas forcément à l’aise en conduite classique », liste notre hôte. Pour ces dernières, se faire la main sur une voiturette permet de réduire les blocages et de se préparer au permis traditionnel. Egalement parmi la clientèle, des personnes ayant perdu leur permis de conduire et peu enclines à passer à nouveau l’examen. « Certaines personnes sont en situation de handicap, les voitures sans permis leur permettent de conserver une certaine autonomie », note Patrick Tchinda qui y voit alors une « utilité sociale ».

Du véhicule ringard à la voiturette design

Le marché sans permis a explosé ces trois dernières années avec l’arrivé de la Citroën AMI. « Elle a aidé à déringardiser l’image de la voiture sans permis qui avait très mauvaise presse, associée à des personnes alcooliques ayant perdu leur permis », confie Patrick Tchinda. Finis les cubes grossiers et impersonnels, place aux voiturettes ergonomes au design raffiné. Outre les véhicules d’occasion, comptez 11 000 euros pour un véhicule neuf en entrée de gramme, jusqu’à 22 000 euros pour les plus fonctionnels de la concession. « Il y a une sacrée technologie, ce n’est pas que quatre roues, un moteur et un volant », juge notre hôte qui vante le châssis et son armature qui « protègent en cas de gros choc ».

Assurance et contrôle technique obligatoires

Chez Ligier, le système de freinage à disque se veut être une « technologie de pointe ». Les véhicules de la concession Ligier plaisent, environ 70 ventes sont enregistrées ici à l’année. Le bruit assourdissant ? Il tient son origine des moteurs d’engins agricoles que l’on installait dans les premiers véhicules sans permis. Le débit sonore a bien changé. « Nous avons des véhicules avec un moteur DCI dit de nouvelle génération, beaucoup plus performant et moins bruyant », souligne le directeur. Troisième idée reçue, l’assurance n’est pas obligatoire. Que nenni ! Elle est évidemment incontournable et le véhicule doit se conformer au contrôle technique. Les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017 avec une puissance maximum de 4 ou 6 kW, doivent passer ce contrôle tous les trois ans, passée leur 5e année de mise en circulation, et ce, à partir d’avril 2024.

Quid du marché de l’occasion ?

« Nous proposons de vraies voitures, mais limitées en taille et en vitesse », schématise le directeur, complétant : « la direction assistée et la climatisation existent sur certains de nos modèles ». Pour ce dernier, nul doute, la maison Ligier se distingue avec ses équipements et le confort de conduite. Quelques conseils pour la route : « il faut être prudent sur le marché de l’occasion, certains achètent des véhicules sans contrôle technique, il vaut mieux se rendre dans une concession ou un garage pour être conseillé ». En effet, le choix de l’achat ne se limite pas au prix, mais comprend aussi la « durée, la fréquence et la nature de l’utilisation ».

3 niveaux d’autonomie

Quant à l’électrique, « le point de départ est de s’interroger sur le lieu de charge ». Ligier propose à ce titre des véhicules pouvant comporter jusqu’à trois batteries, conférant 3 niveaux d’autonomie allant jusqu’à 192km. Pour la plupart des véhicules sur le marché, il s’agit de prises murales, Ligier propose un adapteur permettant de brancher sur des bornes publiques. La voiturette a encore de beaux jours devant elle.