A 92 ans, Robert Azemar a retrouvé son fils 50 ans après l’avoir perdu de vue, grâce à un détective privé. Rencontre.

Les larmes ruissellent sur ses joues. Le nonagénaire cherche désespérément un mouchoir pour s’éponger le visage, les yeux rouges d’émotion. « Ce qui m’a ému le plus, c’est quand il m’a appelé papa dans son courrier », nous confie Robert, tendant la lettre de cinq pages dépeignant les émotions de son fils, Gilles, âgé de 63 ans aujourd’hui. Robert perd le contact avec son fils unique alors que ce dernier n’a que 12 ans. Un divorce, un droit de visite, puis les prises de contact s’espacent jusqu’à s’estomper complètement. « C’est la vie », philosophe notre hôte vivant près de Quissac, encore ému par le destin et ses merveilleuses surprises.

Peur du refus

Depuis 3 ans déjà, l’idée lui trottait dans la tête, comme dans celle de Karima, sa femme de ménage devenue une véritable amie par la force des choses. » Au début, il avait peur du rejet de son fils », narre Karima. « Je préférais laisser trainer plutôt que d’essuyer un refus douloureux », confie Robert avec franchise. Puis il finit par donner son feu vert. Les premières recherches sur les réseaux sociaux ne donnant pas grand chose, Karima songe alors à recourir aux services d’un détective privé. Deux à trois sont contactés, une femme accepte de retrouver la trace de Gilles.

La trace de Gilles est trouvée

Quelques informations sont alors transmises au détective : âge, lieu de naissance, date de mariage… Le 8 juin dernier, la demande est formulée, moyennant un acompte. En août, la nouvelle tombe : Gilles a été identifié dans le nord de la France. Une vague de bonheur envahit Robert, autant que d’appréhension. Après avoir pris attache avec Gilles, la détective livre le verdict : « il était complètement d’accord pour me rencontrer », narre Robert.

Jour d’anniversaire, jour des retrouvailles

Suivent des semaines de « stress » et de questionnements se bousculant à vitesse grand V. « A quoi ressemble-t-il ? Est-il grand, petit, gros, mince ? », s’interroge alors Robert. A l’occasion de ses 92 ans, son fils est convié à assister à l’anniversaire. Le grand plongeon. « Nous lui avons proposé l’hôtel, il voulait absolument dormir avec son père et manger avec lui », se souvient Karima qui le récupère à l’aéroport. Durant le trajet, Gilles laisse sa curiosité déborder : comment est son père ? « Il est joyeux, il aime les gens, il conduit sa voiture, jardine et danse. Il ne se plaint jamais », décrit alors Karima.

« C’était automatique, c’était merveilleux »

« On a tout préparé, on est allé acheter des meubles pour la chambre, organisé tout un tas d’activités pour les trois jours », commente Robert. Gilles finit par franchir le seuil de la porte, « c’était comme une évidence, c’était automatique, on s’est tombés dans les bras l’un de l’autre », se souvient Robert avec une profonde émotion. Décision est prise d’aller de l’avant, « j’ai encore des frissons », abonde le nonagénaire. Père et fils tentent tant bien que mal de rattraper le temps perdu, de se confier quelques anecdotes, des épreuves aussi. « Il a une fille de 13 ans, il parle très bien, il fait du karaté », se réjouit le paternel empreint d’admiration. Dans ses courriers, Gilles se remémore les souvenirs qu’il conserve de son père, telle que cette sortie au théâtre du Châtelet à Paris. Le lien s’entretient via mail, Gilles prend régulièrement des nouvelles par l’entremise de Karima. Un prochain séjour est déjà en discussion. « C’est merveilleux », conclut Robert, plus heureux que jamais. Quelques mots de Robert en vidéo ci-après :