Robert Crauste, maire du Grau-du-Roi et président de la Communauté de communes Terre de Camargue, revient pour InfOccitanie sur quelques projets structurants.
InfOccitanie : pourquoi avoir fait le choix de la création de la salle des rencontres et de la médiathèque ?
Robert Crauste : Il s’agit d’un équipement public qui répond aux besoins de la population. La commune du Grau-du-Roi ne détenait pas à ce jour de salle des rencontres, les manifestations se déroulaient dans une salle des sports pas du tout adaptée… C’est un projet qui faisait partie de mon programme pour lequel j’ai été élu à quasiment 60%. La salle des rencontres permettra de renforcer la vitalité et l’attractivité de notre territoire, en matière d’évènementiel, de vie municipale, de congrès… L’équipement vient en complément de l’auditorium Jean-Pierre Cassel de 400 places. La salle des rencontres est indispensable, elle pourra accueillir jusqu’à 900 personnes.
Que répondez-vous à l’opposition qui juge le projet « pharaonique et disproportionné » ?
Qu’il s’agit, d’une part, d’un équipement ‘deux en un’, cela optimise l’occupation foncière. La médiathèque intercommunale, qui sera située au premier niveau, est indispensable. Les politiques publiques doivent promouvoir la culture et le lien social. La médiathèque sera un lieu d’animation intergénérationnelle, tout un programme d’ateliers verra le jour, autour de la parentalité par exemple. Quant au coût, il est important de préciser que la salle des rencontres financée par la commune, bénéficie de subventions de l’Etat, du Département et de la Région. (Coût total : 8,6M€, dont 5,4M€ pour la salle des rencontres et 3,1M€ pour la médiathèque, ndlr). Quant à monsieur Crespe (chef de file de l’opposition au conseil municipal, ndlr), il est systématiquement contre tout ce que je propose. C’est une opposition non constructive.
Le toit en forme de vagues de l’équipement ne permettra pas la pose de panneaux photovoltaïques selon l’opposition…
Il s’agit du fruit d’un concours d’architecture, nous avons le droit d’avoir une ambition architecturale en phase avec l’identité maritime. Bien sûr que la collectivité est engagée dans la transition. Nous avons mis en œuvre un plan de performance énergétique de 5M€ qui génèrera une économie de 70% sur la facture d’électricité de la ville. Je pense notamment au remplacement par LED ou à la régulation lumineuse nocturne. Nous lançons en même temps une étude pour développer les énergies renouvelables sur les bâtiments publics et les grands parkings. Cette histoire de toit, c’est anecdotique par rapport à ce que nous avons déjà entrepris par ailleurs.
Quels recours de la part de la municipalité après l‘annulation des fêtes de la Saint-Pierre ?
L’administration proposait dernièrement de pouvoir embarquer jusqu’à 28 passagers sur un navire de 24m, à condition de remplir un cahier des charges exigeant. C’est un point bloquant, un certificat de stabilité de navire coûte 5000€ par bateau. Je suis solidaire de la position des marins pécheurs, j’ai donc décidé d’annuler les festivités organisées par la ville. J’ai envoyé un courrier au Préfet qui résume ma position, hors de question que les fêtes perdent leur âme. C’est très important de commémorer ceux qui ont perdu leur vie en mer.
L’écoquartier sur l’ancien terrain de camping des Pins fait débat au sein de l’opposition qui propose par exemple de « surélever des bâtiments au lieu de bétonner des espaces verts ». Que pensez-vous de construire la ville sur la ville ?
Seulement 10% de notre territoire est construit. Sur le patrimoine bâti, nous avons tout de même inauguré deux phares, monuments historiques ouverts au public. Il y a un vrai besoin de logements au Grau-du-Roi. C’est un enjeu crucial pour équilibrer les âges et attirer la jeunesse. Le terme de bétonisation est utilisé à dessein. Sans ceci, cette grande ville balnéaire ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui. Nous n’aurions pas eu le développement du quartier du Boucanet, Port Royal, La Baronnie de la Mer, la zone Port Camargue…
La commune a été épinglée par la Chambre régionale des comptes au sujet du développement urbain au regard des risques de submersion marine. La ville est-elle préparée au dérèglement climatique ?
Sur les questions financières, la Chambre n’a rien eu à redire sur la bonne gestion du Grau-du-Roi. Quarante villes du littoral de Méditerranée française ont été contrôlées suite à une commande nationale. En tant que premier vice-président de l’ANEL, Association Nationale des Elus du Littoral, je suis évidemment sensibilisé à l’avancée de la mer. Nous avons commandé sur ce territoire, avec Port-Saint-Louis-du-Rhône, Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer, la cartographie de l’évolution de notre trait de côte d’ici 2040 et 2100. Je ne suis pas dans le déni, mais les adaptations devront se faire par étape.
« En 10 ans, plus de 400 places supprimées en centre-ville. Le tout sans proposer d’alternative », dixit l’opposition menée par Charly Crespe. Quelle est la politique de stationnement ?
Nous avons plus de 7000 places de stationnement, dont les deux tiers sont gratuites ! Dans le cadre de la réhabilitation du front de mer, nous avons en effet supprimé des places de stationnement, la place Antonin-Revest qui était couverte de voitures est devenue une belle place avec des arbres. Nous nous sommes aperçus que les parkings de la rive droite étaient sous-utilisés, il y a un travail de signalétique pour encourager les excursionnistes à s’y garer. Nous réfléchissons à un parking silo, les prix annoncés ont doublé avec l’inflation. Sans compter le travail autour du Pôle d’échanges multimodal pour favoriser le covoiturage et les transports en commun.
736 propriétaires de marinas membres de l’association ALPC2, ont engagé une procédure judiciaire à l’encontre de la régie autonome de Port Camargue. Ils demandent la conservation de leur exonération « taxe fiscale sur plan d’eau » ainsi que le remboursement de cinq années pendant lesquelles ils ont payé ladite taxe. Quel regard portez-vous sur cette affaire ?
Les propriétaires de marinas ont l’usage d’un plan d’eau soumis à une taxe foncière. Nous avions admis contractuellement que les marinas paieraient un pourcentage de cette taxe, correspondant à leur usage. L’association, qui a changé de président entre temps, récuse désormais la pertinence légale de l’application de cette taxe. Je ne suis pas revenu en arrière au sujet de ce contrat. C’est devant les juges qu’ils trancheront la question.