Que se passe-t-il au sein de la société leader de l’alimentation pour chiens et chats ? Les témoignages d’une vingtaine de personnes ayant eu à faire à Royal Canin, dont 13 salariés et ex salariés ont été recueillis par Mediapart. Ces derniers témoignent d’une méthode de management « problématique », confirmée par l’Inspection du Travail.
Médiapart révèle que le service de contrôle de l’Inspection a dressé en 2019 un procès-verbal d’infraction pour harcèlement moral envers une salariée, et épinglé Royal Canin comme « une organisation globale identifiée comme génératrice de risques psychosociaux ». Selon les informations de Mediapart, deux autres procès-verbaux seraient sur le point d’être transmis au parquet de Nîmes pour les mêmes motifs.
« Plusieurs dénoncent de la peur et du stress »
Depuis le rachat du Groupe Mars il y a 13 ans, les méthodes de management à l’américaine auraient pris le dessus au sein de la direction de Royal Canin, selon certains salariés sondés. Plusieurs dénoncent « un management par la peur et le stress ». Certains cadres seraient jugés incompétents après 10-20 ans d’ancienneté. Leur propre poste pourrait être ouvert aux candidatures internes, les obligeant à rivaliser avec leurs propres collègues pour le conserver. « N’importe qui, n’importe quand, peut devenir une cible et se faire détruire ou éjecter », écrit le journal d’investigation. (Retrouvez l’enquête de Mediapart et Travail et Santé).
Un virage depuis le rachat par Mars
Dans ladite enquête, nous apprenons que nombre de personnes interrogées décrivent des « séquelles persistantes sur leur santé ». Mediapart a recensé entre 2019 et 2022, au sein des sièges France et Monde, neuf cas de maladies professionnelles, reconnues pour syndrome anxiodépressif, dont cinq pour la seule année 2021. Le média d’investigation partage le témoignage de Jérémy, « contraint » de signer une rupture conventionnelle après 20 ans dans l’entreprise.
« N’importe qui, n’importe quand, peut devenir une cible »
Selon Jérémy, le rachat par Mars en 2002 a fait progressivement arriver des « technocrates très différents des passionnés des animaux qu’ils étaient ». Les nombreux témoignages recueillis reflètent un mode opératoire bien huilé pour se débarrasser des salariés, juge Mediapart, « jusqu’au licenciement ou à la rupture conventionnelle ». « Une fois qu’ils ont décidé que vous allez partir, c’est l’enfer », témoigne Jérémy.
Royal Canin s’explique
Dans un communiqué envoyé à nos confrères France Bleu Gard Lozère, la direction de Royal Canin livre une explication. Voici son communiqué : « Chez Royal Canin, nos valeurs sont au cœur de toutes nos actions et décisions. Nous nous engageons fermement à maintenir un environnement de travail respectueux, inclusif et équitable. Toute forme de discrimination, y compris celle fondée sur l’âge ou le statut de membres élus du personnel, est strictement interdite. Nous avons à cœur d’offrir le meilleur environnement de travail pour toutes les générations, et le nombre de collaborateurs âgés de plus de 45 ans dans nos effectifs a augmenté régulièrement depuis 2015, représentant désormais presque 40 % de notre effectif. Depuis 2020, Royal Canin a mis en place des groupes de salariés volontaires pour promouvoir l’inclusion au sein de l’entreprise (Pride, Generations, Women in Leadership, Mission Handicap, Cultures et Origines). Nous encourageons une gestion basée sur la coopération et la résolution constructive des problèmes. Nos managers sont formés pour soutenir leurs équipes de manière positive et constructive, en accord avec nos valeurs de respect et de dignité. Ces mesures et valeurs reflètent notre engagement à créer un environnement de travail sain, respectueux et propice au développement personnel et professionnel de chacun de nos collaborateurs. Comme nous l’avons toujours fait, nous continuerons à mettre en œuvre et à améliorer ces initiatives en réponse aux retours de nos collaborateurs pour garantir que Royal Canin reste un lieu de travail respectueux. »