Juan Martinez, président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence revient sur l’actualité et quelques projets structurants.

InfOccitanie : vous êtes fermement opposé à l’initiative portée par RTE (Réseau de transport d’électricité), visant à installer une ligne à Très haute tension de 400 000 volts, entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer. Où en est le projet ?

Juan Martinez : Sur le sujet de la décarbonation de l’économie, il n’y a pas de discussion, nous sommes en faveur. En revanche, parmi les tracés proposés par RTE, l’un impacte fortement nos communes. Ce n’est pas équitable de supporter les désagréments, alors que la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer et son département récolteront les avantages. Le commissaire enquêteur a livré un rapport sur l’ensemble des questionnements émanant des collectifs. RTE a sorti un dossier visant à y répondre. Il n’y a pour le moment aucune solution alternative, pas d’enfouissement de ligne envisagé ou d’autres tracés. C’est : ‘circulez, il n’y a rien à voir’. J’espère que ce scénario n’aboutira pas à des ZAD (Zone à défendre, ndlr), avec de grosses manifestations d’agriculteurs…

Il y a quelques jours avait lieu en grande pompe la présentation de la saison touristique Terre d’Argence. Le maire de Beaucaire présentait le même soir son magazine des Estivales 2024. Hasard du calendrier ou tacle politique ?

Une chose est sûre, il était invité. Nous avions prévu cette soirée depuis longtemps. J’ai des relations institutionnelles avec Julien Sanchez, nous n’avons pas de problème particulier. Bien que je ne partage pas du tout ses idées, je respecte tous les élus de mon territoire. Ceci dit, cela n’a échappé à personne que se déroulait la campagne des élections européennes… Nous n’étions pas sur le même calendrier.

Pourriez-vous revenir sur le projet du Port à Fourques ?

En 2014, le Département a été lauréat d’un appel à projets au niveau national, ‘Ports en réseau’, en partenariat avec les EPCI et le SCOT Sud Gard. Celui-ci portait sur tout le linéaire fluvial, avec les port de Gallician, Bellegarde, l’agrandissement de la halte nautique de Vallabrègues et la création d’un nouveau port à Fourques. Celui-ci représente 309 anneaux, c’est un gros port sur dix hectares. Nous avions commencer à y travailler dès mon élection en tant que président de la CCBTA. Il fallait acquérir le foncier, étudier le volet environnemental, changer le règlement du secteur protégé du Château de Fourques avec une révision du PLU (Plan local d’urbanisme, ndlr), terminer la modélisation économique… Nous avons travaillé avec le Symadrem, qui s’est occupé de sécuriser les berges du Grand Rhône.

Quel est l’agenda ?

La phase d’étude a déjà absorbé 800 000€. Nous avons déposé le dossier règlementaire qui permettra ensuite de décrocher la DUP (Déclaration d’utilité publique, ndlr) afin de créer le port en régie. Nous avons acheté neuf hectares de compensation agricole, que l’on a cédés par bail à l’entité Ecoterre créée par la Safer. Les billes sont du côté règlementaire. Si tout va bien, la construction débutera au 2e semestre 2025. Il s’agit d’un port à 11M€, le plus grand projet jamais porté par la Communauté de communes. Le port sera en lien avec la région PACA, car aux portes d’Arles. C’est un bel éclairage touristique et économique pour notre territoire.

Vous misez sur le ‘slow tourisme », où en est la poursuite de ViaRhôna ?

Trois tronçons de piste cyclable seront réalisés dans ce mandat. Nous avons inauguré celui de Beaucaire-Bellegarde (11,5km ;1,9M€) et de Beaucaire-Fourques (14,6km ; 2,7m€). Il nous reste à réaliser Bellegarde-Gallician (15,4km ; 3,4M€). Les travaux du dernier seront bouclés avant le Printemps. Pour la première année, Beaucaire-Bellegarde a enregistré 55 610 vélos ! Depuis que les voies cyclables existent, un loueur et réparateur de vélos s’est installé dans le centre de Beaucaire. 8,1M€ sont investis pour les trois tronçons. Sans compter le label ‘Accueil vélo » que nous finançons à hauteur de 600€ pour six ans, à chaque acteur touristique. Nous en comptons une vingtaine pour le moment.

Un mot sur le centre des Congrès de Beaucaire d’un montant de 8,5M€ ?

La Communauté de communes porte en maitrise d’ouvrage directe des projets décidés par les communes. La CCBTA a alloué des enveloppes à celles-ci dans le cadre de deux contrats locaux d’aménagement. En clair, nous finançons mais les communes décident de l’équipement à porter. Jonquières-Saint-Vincent a fait une Halle des sports, Bellegarde un Pôle associatif et culturel et Vallabrègues une salle des fêtes. Sur le premier mandat, 5,4M€ ont été alloués à la ville de Beaucaire, 3,12M€ sur le deuxième mandat, pour financer la salle de spectacle et de congrès. Il s’agit d’un super équipement, avec une grande salle d’environ 700 places assises. La CCBTA met les moyens !

La communauté de communes enregistre environ 20M€ de dettes, est-ce un risque pour la stabilité de la collectivité ?

Non, pas du tout. Il faut savoir que nous terminons l’année avec 5M€ d’excédent. Ce n’est pas une dette toxique, nous la rembourserons rapidement. La CCBTA développe encore la ressource économique, nous continuons à investir pour les citoyens. La logique est simple : « je dépense moins d’argent que ce que je gagne ! »

Vous êtes élu depuis 1995, mais également infirmier libéral de profession. Comment le territoire pallie la désertification médicale ?

Nous avons fait le choix de financer les études de quatre internes en médecine pendant trois ans, à hauteur de 800€ par mois. En contrepartie, ils s’engagent à s’installer sur notre territoire. Nous sommes toujours ouverts, je lance un appel si d’autres étudiants en médecine sont intéressés par notre dispositif. Nous disposons également de maisons médicales proposant 8€ le m² à la location. La Communauté a par ailleurs adhéré au dispositif ‘Ma santé, ma région ». La région Occitanie salarie des médecins, nous leur mettons à disposition des locaux et nous finançons le secrétariat.