InfOccitanie : Quel bilan faites-vous de l’année 2024 ?
Christophe Rivenq : c’était une année complexe à plusieurs niveaux. L’incertitude nationale, la dissolution du gouvernement, la censure ont entrainé des difficultés financières pour les collectivités. La principale mauvaise nouvelle pour les Agglos de France, c’est la fraction de TVA attribuée en compensation de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, ndlr), qui a diminué, faisant perdre au moins 1,2M€ sur l’Agglo par rapport à l’année précédente. Par conséquent, l’épargne nette permettant d’investir s’est retrouvée diminuée. Pour autant en 2025, les politiques publiques et l’investissement de l’Agglo seront maintenus grâce au fonds de roulement que nous avons pu mettre de côté. Alès est la ville avec la plus grande croissance des droits de mutation du Gard, grâce à une vraie dynamique du marché immobilier.
InfOccitanie : Quels grands projets pour 2025 sur le territoire ?
Christophe Rivenq : il y aura l’inauguration des Halles de l’Abbaye prévue au premier semestre. 16M€ ont été engagés pour sa rénovation, incluant la reprise du parking sous terrain. Le Cratère sera rénové pour 12M€ investis par l’Agglo avec l’aide des partenaires. Les travaux ont commencé en octobre pour une ouverture début 2027. Un théâtre éphémère sera posé en centre-ville avec l’accent mis sur une programmation hors les murs. Puis, il y a la rénovation urbaine, ce sont 180M€ sur Alès, portée par Alès Agglo. Cette année il y a aura la livraison des premiers travaux Grand’rue Jean Moulin, avec la rénovation des HLM, des espaces publics, cela devrait être fini fin du premier semestre. Le quartier du Faubourg du Soleil est en train d’être rénové avec la réhabilitation du logement notamment. La construction de la zone économique Près Saint-Jean à Alès va débuter cette année, la pré-commercialisation est en cours, portée par la SAEM pour le compte de l’Agglo.
InfOccitanie : Quelle solutions pour désengorger les urgences du CH d’Alès ?
Christophe Rivenq : Nous avons eu le départ de quelques médecins des urgences ces derniers mois, nous contraignant à une régulation. D’ici le mois de juin prochain, plus d’une vingtaine de médecins vont nous rejoindre au CH, permettant la réouverture de certains secteurs comme la pneumologie qui avait fermé. Les urgences étaient dimensionnées à l’époque pour 30 000 passages. Nous sommes passés à 50 000 aujourd’hui au regard de la désertification médicale. Je tiens à préciser que nos urgences n’ont jamais fermé, contrairement à Bagnols.
InfOccitanie : Mobilité, un exemple de réalisation à venir ?
Christophe Rivenq : nous allons lancer une voie verte de Saint-Julien-les-Rosiers à Alès, dont les premiers travaux débuteront cette année. Nous investissons à l’Agglo 12M€ sur 5, 6 ans dans les mobilités actives et donc les voies cyclables. Depuis 2020, c’est une de mes fiertés, j’ai beaucoup densifié et développé le réseau de transport en commun. Chaque année, l’Agglo injecte 300 000€ de dépenses supplémentaires pour renforcer le Syndicat Mixte des Transports Publics du Bassin d’Alès (SMTBA) avec Alez’y.
InfOccitanie : vous êtes pressenti pour prendre les rênes de la ville d’Alès dans quelques jours, pour quelles raisons ?
Christophe Rivenq : En 2019, quand Max Roustan a envisagé de se présenter pour son cinquième mandat, j’étais directeur général des services de la Ville et de l’Agglo. Il souhaitait que je parte avec lui pour l’élection de 2020, j’ai donc démissionné de mon poste avec la perspective d’être premier adjoint. Il m’a confié à l’époque que, vu son âge, il ne finirait pas le mandat, précisant que dans 5 ans maximum, je serais maire d’Alès si l’on était élus. Il voulait démissionner bien avant, je lui ai conseillé de rester jusqu’en 2025 pour fêter les 30 ans. Le 15 mars prochain, il me proposera comme maire lors d’un conseil municipal extraordinaire. Cela fait 32 ans que je suis avec lui, il a souhaité que la dynamique perdure. Il ne se retire pas de gaieté de cœur, mais par raison pour les Alésiens.
InfOccitanie : Est-ce bon signe pour la vitalité démocratique qu’un maire conserve l’écharpe pendant 30 ans ?
Christophe Rivenq : Ma réponse est claire, Max Roustan a été élu au premier tour, 5 ans durant. La démocratie, c’est le pouvoir donné au peuple. Les électeurs avaient le choix entre plusieurs listes à chaque fois, ils ont souhaité continuer avec lui. Ce n’est pas une dictature. La ville s’est transformée, Alès est la deuxième ville la plus dynamique de France démographiquement. Le travail réalisé plait aux Alésiens.
InfOccitanie : concernant les Pfas, le PCF d’Alès déclare à votre sujet : « il aurait plutôt été bien inspiré d’user du principe de précaution en procédant à des analyses, en protégeant et en filtrant le cas échéant ses captages d’adduction de l’eau que boivent les grands Alésiens », déplorant « un scandale sanitaire ». Que répondez-vous ?
Christophe Rivenq : Ce qui est dit par le PCF est totalement faux. Je confirme, j’attaquerai en justice tous ceux qui relaieront des propos mensongers, à commencer par le PCF. Parler de « déni », c’est de la politique politicienne. Le PCF fait de la désinformation, on parle de santé humaine, c’est extrêmement grave. Ils rendront compte de cela devant la justice sûrement, je vais y réfléchir. Je confirme, il n’y a pas aujourd’hui, dans l’eau distribuée sur l’Agglo, de PFAS avec des quantités supérieures aux normes autorisées.
InfOccitanie : Sur quoi vous appuyez-vous ?
Christophe Rivenq : A compter du 1er janvier 2026 dans l’eau potable, la somme des 20 PFAS réglementés ne devra pas excéder la limite de 0,1 microgramme par litre pour que l’eau soit conforme aux normes, selon une directive prise par l’Europe. J’ai fait faire par anticipation, il y a plus d’un an et demi, une mesure de la quantité de PFAS sur les points de distribution d’eau de l’Agglo. Ces études faites par un laboratoire agréé et indépendant, a montré que sur les 85 ressources de l’Agglo, il n’y a aucune ressource avec une concentration des 20 PFAS supérieur à 0,1 microgramme par litre. A l’endroit où l’on en trouvait le plus, on arrivait à une norme de 0,05, soit la moitié ! Je confirme, toutes les ressources d’Alès Agglo sont conformes à ce seuil de 0,1. Il n’y a donc pas de sujet. Concernant les TFA, j’ai demandé à l’ARS de procéder à des analyses sur les captages d’eau d’Alès agglomération. On trouve maximum 20 microgrammes par litre, c’est à dire un tiers de la limite autorisée fixée à 60 microgrammes par litre. Je parle ici de l’Anses, du ministère de la Santé, je me fie aux organismes officiels, pas aux associations qui véhiculent des mensonges.
InfOccitanie : la collectivité a-t-elle été suffisamment en appui pour tenter de sauver l’abattoir d’Alès ?
Christophe Rivenq : la Ville a mis 15 millions d’euros pour cet abattoir. Les vidéos choquantes de L214, qui n’ont d’ailleurs mené à aucune condamnation pour maltraitance, ont impacté de 50% le chiffre de l’abattoir. Nous venons de créer avec monsieur le maire une convention pour un projet d’utilisation de l’abattoir qui sera désormais privé. L’agrément sanitaire délivré par la préfecture est en cours. L’éleveur issu du Gard partira avec un loyer quasi nul et moins de personnel.
InfOccitanie : ferme photovoltaïque sur la ZAC de Lacoste-Lavabreille, le PCF soutient que la terre est sacrifiée et que les sols fertiles sont annexés au détriments de l’intérêt général et au profit de TotalEnergies. Que leur répondez-vous ?
Christophe Rivenq : comment peut-on apporter autant de conneries dans un cm3 ? C’était une zone achetée par la CCI d’Alès il y a 30 ans pour en faire une zone d’activité. Il y avait avant des arbres fruitiers en décrépitude, plus rien n’était cultivé. Il y a eu un PPRI, empêchant de construire, c’est devenu un no man’s land. Aujourd’hui, il y a la nécessité d’accélérer le développement d’énergies vertes voulue par le gouvernement. Il y a 10 ans, il y a eu un appel à manifestation d’intérêt, une société a obtenu les autorisations, puis a finalement été rachetée par TotalEnergies. Je suis heureux de cette zone qui permet de fournir l’électricité pour un quart de la ville d’Alès ! J’aurai bien aimé qu’une banque nous prête 20 millions d’euros pour mener cette centrale et récolter des royalties (redevance, ndlr), mais nous n’étions pas en capacité de le faire, c’est notre budget d’investissement à l’année ! Par ailleurs, j’ai 70 hectares à disposition des agriculteurs dans l’Agglo, je suis un grand défenseur des paysans et des vignerons.