Des parents d’élèves, scolarisés à Arles, ont fait part à l’Alliance AntiCorrida de leur inquiétude à la lecture de l’article du journal La Provence du 14 mai dernier. Il s’agit de « proposer, dès septembre prochain, dans le cahier des ressources des écoles, un module avec l’apprentissage de la course camarguaise, la tauromachie espagnole, le costume d’Arlésienne et une initiation à l’art de vivre en Camargue dans sa globalité.», déclare Mandy Graillon, adjointe au maire. Selon le journal, a déjà eu lieu, le 13 mai, une « première séance d’initiation aux traditions dans les écoles arlésiennes » avec le torero Morenito.
« Nous n’avons rien contre nos traditions camarguaises, bien au contraire »
« Il n’en va pas de même pour la tauromachie espagnole qui est un acte de cruauté, tel que défini à l’article 521-1 du code pénal mais qui bénéficie d’une exonération pénale lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Ce motif dérogatoire n’enlève rien au caractère cruel et violent des corridas. Dans un jugement du 9/09/2021 les magistrats du tribunal judiciaire de Dax affirment qu’il peut être difficilement contesté que le déroulement même de la corrida est de nature à causer des sévices graves sur les taureaux». Et c’est pourtant de ce type de spectacle, dont les élus entendent faire la promotion et « l’apprentissage » dans 40 écoles d’Arles, sous forme de « module « , » déplore Claire Starozinski, présidente de l’Alliance Anticorrida.
Législateurs et États expriment indubitablement leur volonté de protéger les mineurs de l’exposition à la violence, au titre de leur vulnérabilité, unanimement et légalement établie (226-14 et 434-3 du Code pénal, entre autres). Ainsi, en 2016, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, chargé de surveiller la mise en œuvre de la Convention internationale des droits de l’enfant par ses États parties, a recommandé à la France de « redoubler d’efforts pour faire évoluer les traditions violentes et les pratiques qui ont un effet préjudiciable sur le bien-être des enfants, et notamment d’interdire l’accès des enfants aux spectacles de tauromachie ou à des spectacles apparentés ».
Le recteur de l’Académie saisi
Déjà, en 2008, David Teillet, chef de cabinet de l’ex-ministre Darcos, avait indiqué à Claire Starozinski, lors d’un entretien au ministère de l’Éducation nationale « Il n’est pas dans le rôle de l’Éducation nationale d’assurer la promotion d’un spectacle dans les établissements scolaires et encore moins quand il s’agit de la corrida ! » Quatre jours plus tard, il lui faisait parvenir copie de la circulaire envoyée aux recteurs des trois régions concernées (dont les Bouches-du-Rhône) leur demandant, entre autres, que « les opérations menées dans les établissements scolaires soient exemptes de tout prosélytisme ».
Soutenue par l’Arlésienne, Dominique Arizmendi, référente de l’Association No Corrida, l’Alliance Anticorrida a saisi l’inspectrice pédagogique, le DASEN, et le recteur de l’Académie d’Aix-Marseille en leur demandant d’intervenir « afin que la tauromachie espagnole ne fasse, en aucun cas, partie de ce projet pédagogique », conclu Claire Starozinski.