Issu d’un milieu paysan, le Champion du monde du burger cultive le goût de la réussite.
Après l’annonce de la nouvelle à Dallas en novembre dernier, aucune soirée endiablée jusqu’à l’aube. Plutôt deux bouteilles de champagne savourées dans l’intimité d’une quinzaine de coéquipiers. Comme pour graver dans les mémoires ce grand chelem propulsant Nîmes sur le devant de la scène internationale.
« C’était un énorme soulagement », nous confie le premier Français Champion du monde de burger. Le stress a culminé à son apogée pendant des mois, tout était rodé avec minutie : la communication, la logistique, les recettes, le discours au jury… « Nous avons beaucoup travaillé, dans la vie tu n’as rien sans rien », reconnait volontiers le Nîmois Joannes Richard.
Hors de question de se contenter du titre de ‘vice-champion’ décroché en 2022, la seule issue était de briller sur la première marche. Les burgers de Joannes Richard ont su faire la différence, subtilement dosés, fruits d’audacieux mélanges revisités. Une aventure culinaire qui se poursuit dans son restaurant ‘Croquer la Pie’ à Saint-Hilaire-d’Ozilhan d’où il est originaire. En saison, ce sont six salariés qui font le bonheur des gourmands.
Le maestro du goût retravaille ses sauces, y met son « twist » pour revisiter les classiques. A la carte notamment, son bacon cuit au four avec sirop d’érable et paprika fumé. La saveur fumée ou ‘smoky’ à l’américaine fait consensus. Les « rubs » sont ‘fait maison’, ces marinades sèches qui ajoutent des arômes à la viande et forment de belles croûtes.
Tout a commencé tôt. A 11 ans, Joannes Richard invite ses copains pour des dégustations de burgers à la maison. A 34 ans, il savoure pleinement cette liberté de créer, de se réinventer. Issu d’une famille de paysans, il baigne au milieu des oliviers, des chênes truffiers, du potager généreux. « Elevé au gibier par une famille de chasseurs », Joannes Richard est biberonné au ‘manger bio’,
Un temps joueur au sein du Rugby club nîmois, Joannes Richard se délecte de la ‘street food’ avec les collègues en fin de match. Au cours de son BTS diététique en 2017, il se « régale » littéralement durant les cours de cuisine au programme.
En 2021, le passionné rachète le restaurant ‘Chez Thibaud’ dans les halles et le renomme ‘Chez Jo’. Concours de circonstances, c’est le confinement et la vente à emporter qui confirmera sa vocation. « Je lisais énormément de livres sur le business, le développement personnel, la cuisine », se souvient l’autodidacte qui proposait alors une recette de burger tous les deux jours. « C’est fou ce que tu peux mettre entre deux tranches de pain », ironise-t-il.
C’est sans conviction qu’il s’inscrit au Championnat de France du burger en 2021, remporté haut la main. Son talent ne tardera pas à s’exprimer au grand jour : Vice-Champion du monde en 2022, Champion de France de barbecue et enfin Champion du monde du burger.
« Tout me plait dans la culture américaine », à commencer par la musique et le football américain qu’il suit avec attention. « Les Américains sont patriotes, ils valorisent le travail, ils rêvent grand », juge celui qui, en seulement quelques mois aux Etats-Unis, a développé un réseau bien fourni.
Il l’affirme, l‘argent n’est pas la priorité, ainsi des 10.000 dollars remportés pour son dernier titre. « L’argent est une conséquence, pas une finalité. L’important est surtout de se battre pour vivre une vie inspirante et inspirer les autres », philosophe-t-il.
Et pour la suite ?
Joannes Richard sera de retour aux Etats-Unis en avril prochain pour la grande finale. Les 11 vainqueurs des catégories (burger, barbecue, etc.) s’affronteront pour décrocher le titre de super champion. 150.000 dollars sont à la clé. A l’avenir, le spécialiste du burger entend capitaliser sur son image, multiplier les partenariats évènementiels et pourquoi pas créer une franchise. Le Moyen-Orient lui fait également de l’œil…
Sans compter deux livres en écriture, une gamme de couteaux en partenariat avec la marque Fischer et une potentielle gamme de sauces épicées destinées au grand public. Joannes Richard voit grand.
Linda Mansouri