“Désert médical”, cette expression est dans toutes les bouches pour désigner une partie du territoire français qui connaît des difficultés d’accès aux soins. L’Aveyron n’est pas épargné par cette qualification. La Chambre régionale des comptes d’Occitanie tire le constat des politiques menées pour améliorer l’efficacité du système de santé.
13,8 % de la population aveyronnaise a plus de 75 ans, soit plus de quatre points de plus que la moyenne du pays qui est de 9,3 %. Ce vieillissement de la population a un impact certain sur le système de santé local. En effet, les populations plus âgées requièrent des soins programmés du fait de pathologies chroniques. Les soins non-programmés et plus urgents sont donc bien moins satisfaits, car les agendas des professionnels sont saturés. “Dans certains territoires, le taux de patients sans médecin traitant peut ainsi représenter jusqu’au quart des patients et le taux de passages aux urgences sans gravité particulière atteindre 40 %”, nous apprend le rapport de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie. D’une manière plus générale, les effectifs sont inégalement répartis sur le territoire de l’Aveyron, le nombre de consultations proposées baisse. “Une grande partie du département est située entre 30 et 60 minutes d’un service d’urgence”, peut-on lire dans le rapport.
Des mesures trop peu ciblées
De nombreux plans ont été menés depuis les années 90 pour endiguer ce phénomène. Depuis 2010, des structures de soins telles que des maisons de santé pluriprofessionnelles ont été développées. D’un point de vue local, les collectivités territoriales ont développé les aides aux professionnels. Cependant, les moyens à disposition sont employés de manière trop peu synergique d’un point de vue territorial. “Les aides proposées sont souvent peu connues et peu sollicitées, car trop dispersées. Parfois aussi, elles conduisent à des formes de concurrence stérile entre collectivités, chacune souhaitant attirer son propre médecin.” Il y a donc un contraste entre les mesures ambitionnées et un réel abandon que peuvent ressentir les populations locales. Les aides apportées existent, mais sont trop peu efficaces.
Les pistes avancées
Selon la Chambre régionale des comptes d’Occitanie, pour mener à bien une politique de lutte contre la désertification médicale, il faut établir un diagnostic territorial précis est nécessaire pour adapter les solutions régionales. Les collectivités doivent investir dans les infrastructures de santé, en complément de l’État. “Le problème réside dans l’absence de diagnostic territorial concret, rassemblant l’ensemble des acteurs, sur des indicateurs précis”, expliquent les auteurs du rapport. La réussite de ces politiques dépend donc de la mobilisation locale et d’une gestion territorialisée de l’Aveyron en matière de santé.