Immersion dans la Maison de Nîmes et le compagnonnage fort de plus de huit siècles d’existence.
Fidélité, honnêteté, fraternité, courage, générosité, discipline et patience. Ainsi se déclinent les sept valeurs des ‘Compagnons du devoir’, qui s’apparentent à s’y méprendre à l’école de la vie. A peine 25 bougies et Jillian Doucin, responsable de la Maison de Nîmes, route d’Alès, nous plonge dans cette communauté qui prône l’excellence. L’édifice se distingue par sa façade en pierres de Vers Pont du Gard, signée du sculpteur et architecte de renom Armand Pellier. Sans compter ses œuvres d’art multimatériaux qui jonchent les couloirs et les lieux de vie, gages d’orfèvrerie.
Il y a quelques temps, Jillian Doucin, ou ‘prévôt’ selon le jargon, « posait des briques et manipulait une bétonnière ». Celui qui a accompli son « Tour de France » travaille désormais avec un ordinateur et chapeaute quelque 450 jeunes en formation et 80 en parcours Tour de France. Une trajectoire qui traduit la responsabilisation incarnée par la Maison de Nîmes. Celle-ci est la plus importante de par le nombre de jeunes accueillis, parmi les six qui maillent l’Occitanie et les 60 en France. Du personnel d’encadrement aux métiers administratifs, une trentaine de salariés s’affairent ici pour faire fonctionner un microcosme bien huilé.

450 jeunes en apprentissage
L’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France (AOCDTF), remonte à 1941. Elle forme à 36 métiers répartis dans 4 filières : bâtiment, aménagement, technologie de l’industrie, matériaux souples et métiers du goût. Le panel de métier est large : ébéniste, carrossier, serrurier, vigneron, fromager ou tailleur de pierre. « Deux autres métiers sont hors catégorie : maréchal ferrant et tonnelier », nous précise Marine Lacombe, responsable communication Occitanie.
Un centre de formation classique à première vue ? Loin s’en faut. Les ‘Compagnons du devoir’ à Nîmes repose sur un parcours enrichissant de cinq ans de voyages à travers la France, tremplin de vie et d’apprentissage. « Ce n’est qu’à l’issue du Tour de France que l’apprenti devient un Compagnon, il doit alors réaliser un gros travail de réception et démontrer les savoir-faire et savoir-être », indique Jillian Doucin. Ce dernier en poste entre trois et cinq ans, donnera les clefs par la suite à un nouveau Compagnon qui prendra la relève. De la formation initiale jusqu’au master exécutif, tous les diplômes sont reconnus d’Etat. Les apprenants peuvent débuter à partir de 15 ans. Certains en reconversion professionnelle ont même plus de 50 ans. Sans compter les jeunes qui ont déjà un premier diplôme et souhaitent parfaire leur apprentissage ou les salariés en poste désireux de se former.

5 ans de voyages, une épopée enrichissante
Un dispositif inédit que d’apprendre son métier en changeant de ville deux fois par an, sur une durée de cinq ans. La région, la culture et l’environnement façonnent les experiences. « C’est un parcours très enrichissant qui permet de se former en centre de formation, de travailler en entreprise, de valider des diplômes tout en faisant son Tour de France », précise Jillian Doucin originaire de Montpellier. Au total, ce dernier évoluant dans la maçonnerie, compte huit entreprises à son actif sur son tour, de 10 salariés à plus de 100. A noter, les apprentis peuvent également se rendre à l’étranger.
« Ma première gâche, sortir les poubelles »
« On trouve beaucoup d’entraide durant le tour, de fraternité entre les jeunes qui échangent sur leur métier. Le compagnonnage permet de voyager, de vivre en communauté, de favoriser la transmission », poursuit le prévôt. Sa première mission, appelée « gâche » ? Vider les poubelles. « Sur le papier, ce n’est pas fou, mais si on ne le fait pas, cela impacte toute une maison, chaque gâche est hyper importante », insiste Jillian Doucin. En France, « 90% des jeunes ont un emploi à l’issue de leur Tour de France », peut-on lire sur la brochure nationale. Certains occupent par ailleurs des postes à responsabilité au sein de la maison, formateur ou responsable de maison. Une façon de s’engager au service de la communauté et de perpétuer l’esprit de compagnonnage.

Les 50 ans se fêtent le 23 mars prochain
La formation est financée par le biais des Opérateurs de compétences (OPCO), des dons et du mécénat. Les apprentis ont à leur charge l’hébergement et la restauration. La Maison de Nîmes a pignon sur rue. Lors des Journées portes ouvertes (JPO) de janvier dernier, 700 personnes s’y sont ruées. Une affluence record est attendue le 23 mars prochain pour les 50 ans de la maison nîmoise, inaugurée en 1973. Une exposition photos aura lieu autour de la construction et de l’évolution de la maison, accessible au public. Au programme également, les JPO le même jour avec des ateliers, des visites guidées et des démonstrations de métiers. A vos agendas. Plus d’informations, cliquez ici.