Le président de l’Université de Nîmes revient sur les dernières formations, le nouveau statut à l’étude et la fondation lancée en janvier 2023.
Maillot collector du Rugby club nîmois et goodies à l’effigie de l’Université de Nîmes. Le président, ancien joueur professionnel de rugby, nous accueille pour nous livrer les derniers projets en date. A 51 ans, Benoît Roig témoigne d’un parcours universitaire « classique » comme il le définit. A son actif : un doctorat à l’école des Mines d’Alès où il y exerce quinze ans en tant que maître de conférences, puis le statut de professeur à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes, avant de basculer à la vice-présidence en charge de la Recherche au sein de l’Université de Nîmes. En 2019, Benoît Roig décroche la présidence de l’Université et l’inscrit dans une ère contemporaine et résolument pragmatique. Avec l’autonomie des universités, le président dispose d’une marge de manœuvre qu’il exploite à bon escient. En témoignent les nouvelles formations qui épousent les besoins du tissu socio-économique local. Une politique menée avec un « degré de liberté exceptionnel », qui ne souffre d’aucun frein, si ce n’est celui « financier » …
Une subvention « deux fois moins importante »
Au total, 6000 étudiants gravitent au sein de l’université de Nîmes pour environ 300 personnels. L’Etat injecte « une subvention pour charge de service public » dédiée à assurer le rôle de formation, d’environ 23M€. Du reste, Unîmes fait des efforts « considérables » pour monter le budget à 31M€. « Cette subvention est deux fois moins importante que celle donnée à des universités de même catégorie que la nôtre », regrette Benoît Roig à la tête de l’université pluridisciplinaire hors santé. Le taux d’encadrement (ratio personnels/étudiants) est autour de 9 en France, là où il stagne à 4,3 au sein d’Unîmes. « Ce qui explique que nous avons un personnel sous tension », déplore amèrement le président. Charge donc à l’université de renflouer les caisses auprès d’acteurs privés, de collectivités, mais également des programmes de Recherche.
Un nouveau statut en cours d’étude
« Il est vrai que nous sommes très jeunes, officiellement crées en 2007. Le problème c’est que nous sommes passés de 1500 à 6000 étudiants en dix ans, l’attractivité augmente », mais les moyens alloués ne suivent pas. Aujourd’hui EPSCP (Etablissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel), l’Université de Nîmes pourrait basculer en EPE : Etablissement public expérimental. Les négociations sont en cours avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Un statut particulier pour un projet de transformation qui permettra de perfectionner la qualité de l’enseignement et de fédérer tous les acteurs du territoire. Surtout, l’accent est mis sur la professionnalisation à travers l’alternance qui concerne 2/3 des formations. A noter, Unîmes est dite à ‘vocation professionnalisante’. « Nous sommes les seuls à avoir ce statut dérogatoire aujourd’hui », souligne Benoît Roig qui mise sur l’alternance pour « donner du sens aux études ».
Détective privé, œnotourisme, démantèlement nucléaire
Des formations qui sont créées en fonction de besoins identifiés. Ainsi de la licence professionnelle ‘agent de recherche privé‘, autrement formulé détective privé, celles liée à l’œnotourisme ou au démantèlement nucléaire. A la rentrée 2024, deux licences professionnelles seront ouvertes. Une sur le droit immobilier, « les étudiants élargissent leurs champs, ils pourront gérer le parc immobilier d’une grande entreprise par exemple ». Une deuxième de mandataire judiciaire en collaboration avec UDAF30 qui a exprimé un réel besoin. En matière de Recherche, Unîmes capitalise sur deux identités : la gestion des risques et le design social. Ce dernier vise à accompagner l’évolution de la société à travers des procédures et des outils adaptés à tous les publics, dans une logique de co-construction.
Partenaire engagé pour le rayonnement du territoire, Unîmes travaille en bonne intelligence avec l’ensemble des collectivités publiques. Benoît Roig souhaite basculer « d’une ville où l’on étudie à une ville étudiante ». Pour se faire, tout un écosystème doit être favorable : le logement, les transports, les activités sportives, les activités nocturnes… « Il faut une effervescence étudiante pour ces 14.000 étudiants nîmois, dont la moitié sont à l’université de Nîmes », pointe-t-il. Le président travaille de concert avec l’Agglo en vue de déployer davantage de bus le dimanche soir, de la gare de Nîmes vers les résidences étudiantes.
Quelles actions de la Fondation ?
Au vu des « ressources limitées » d’Unîmes, une fondation a vu le jour en janvier 2023. « Elle n’a pas vocation à pallier le manque de financements apporté par l’Etat », précise Benoît Roig, mais permettre des actions complémentaires. Les quatre fondateurs ? La Banque populaire du Sud, Décathlon Nîmes, BRL et Phytocontrol. Quatre acteurs qui partagent la volonté d’accompagnement de la jeunesse. Parmi les premières actions, six étudiants ont été accompagnés financièrement dans le cadre d’une mobilité à l’international (Italie, Mexique, Espagne). La fondation a accompagné une championne française de tennis de table handisport afin de lui permettre d’obtenir sa qualification aux jeux paralympiques. La fondation a également permis le rechargement du distributeur de produits d’hygiène situé dans l’Université. Un soutien non négligeable pour les étudiants, parmi lesquels plus de 50% sont boursiers. Pour cette deuxième année, l’accent sera mis sur la levée de fonds qui viendront compléter l’apport de l’Université, des fondateurs et des dons.
« L’étudiant n’est pas un numéro »
L’Université de Nîmes place l’étudiant au cœur de ses préoccupations. « L’étudiant n’est pas un numéro », clarifie Benoît Roig. Un lien de proximité est favorisé par la taille humaine, « c’est notre marque de fabrique, j’en suis fier ». Pour les accompagner, un panel de services est proposé, du sport à la culture, en passant par des vélos à disposition et des consultations médicales. Gynécologues, diététiciens, nutritionnistes et addictologues se déplacent au sein de l’université. Cette dernière n’a pas uniquement vocation à « s’instruire, mais se construire », conclut le président.