Le directeur du Pont du Gard, Sébastien Arnaux, se prête au jeu des questions réponses.
Le Pont du Gard et ses 50.400 tonnes de pierre se résument-ils à un simple site touristique ? Un établissement public doit-il remplir un rôle social et de transmission ? C’est par la positive que répond Sébastien Arnaux, directeur du Pont du Gard depuis 2017.
Ce haut lieu du tourisme, dont la gestion est confiée à l’EPCC (Etablissement public de coopération culturelle), a pleinement un rôle à mener pour retisser du lien et favoriser le « sentiment d’appartenance ». Plus que cela, il se doit de sensibiliser sur les défis environnementaux à venir. « Une gestion publique sait être efficace », affirme le directeur général qui se réjouit du million de visiteurs dépassé chaque année.
Une nouvelle tarification à neuf euros par véhicule et par an, vient démocratiser un accès « populaire ». Sébastien Arnaux assiste à une nouvelle forme de consommation, différente de la simple baignade et de l’aller-retour « photo selfie ». Les familles y flânent en soirée, au cours de spectacles estivaux qui réunissent « 100.000 personnes ». Pour les moins de 18 ans et les étudiants, l’entrée dans les espaces musée, ciné, ludo est gratuite.
Les dépenses « choisies » au profit des dépenses « subies »
En 2024, le budget du site s’élève à 9,5M€, abondés par le Conseil départemental du Gard et la Région Occitanie. La contribution des collectivités a été revue à la baisse pour dépendre un peu moins des deniers publics. « On a réduit la voilure pour nous recentrer sur l’essentiel », poursuit Sébastien Arnaux. Exemple de décision, la suppression du festival ‘Lives au Pont’ qui représentait « 400.000 euros de déficit ».
Une des « batailles à mener » aujourd’hui ? Faire connaitre la nouvelle tarification, trop peu assimilée par les Gardois. Une perte d’environ 900.000 euros de trésorerie sur les entrées, qui est aujourd’hui « quasiment équilibrée », rassure le directeur. Les visiteurs ont ainsi basculé des « dépenses subies » aux « dépenses choisies », permettant l’éclosion de nouvelles offres.
Dans notre région exposée aux aléas climatiques, sècheresse et inondation en tête, le directeur et son équipe privilégient une vision globale sur 20 ans, plutôt qu’une série de mesures. Des ilots de fraicheur, des aménagements privilégiant l’ombre ? Sébastien Arnaux doit composer avec une contrainte majeure, « c’est un site protégé, on ne peut faire qu’avec l’existant ».
Dérèglement climatique, le pont dans 20 ans
L’eau qui se tarit est une préoccupation fondamentale, la chaleur accablante également. « On fréquentera à d’autres moments, c’est pour cela qu’on a mis en place la tarification ‘venir et revenir’. Le pont est beau toute l’année. » Et d’ajouter : « On pourrait élargir les plages horaires en matinée, en soirée ».
Concernant la transition énergétique, le pont prend sa part. Un plan de mise à niveau de bornes électriques est à l’étude, tout comme un potentiel déploiement de panneaux photovoltaïques pour assurer la consommation du site en énergie propre.
« On vient tous de quelque part, on a besoin de repères, le patrimoine et les paysages structurent ces repères », conclue Sébastien Arnaux qui entend développer les voyages scolaires pour permettre à la jeunesse de découvrir son territoire.
Linda Mansouri