En janvier 2025, le Service public petite enfance sera opérationnel avec quelques nouveautés sur l’ensemble du territoire national. Décryptage des changements dans le Gard.
Le saviez-vous ? Une place en crèche coûte 17 000 euros, dont 3 500 euros à la charge de la famille, 3 500 euros à la charge de la collectivité et 10 000 euros à la charge de la CAF. Des chiffres qui permettent de relativiser le coût qu’incombe in fine aux communes. C’est en leur direction que ce Service public de la petite enfance se réinvente, afin de renforcer l’offre sur une commune ou un bassin de vie.
150 élus réunis ce jour
Le Gard en avait bien besoin. Avec un taux d’accueil de 52,5%, il se situe au-dessous de la moyenne nationale de plus de 60%, concernant les services de crèche, micro crèches, garde à domicile, assistante maternelle et préscolarisation. « Nous sommes plutôt en retard », note Matthieu Perrot, directeur de la CAF du Gard. Le département est le premier à accueillir un colloque en lien avec la CAF à ce sujet aujourd’hui, réunissant 150 maires et présidents d’EPCI (Établissement public de coopération intercommunale).
370 places supplémentaires
Ce dispositif prévoit 370 places en crèche supplémentaires d’ici à 2027. « Sans détruire l’existant, l’objectif étant de maintenir les 4 580 places actuelles dans le Gard », insiste le directeur de la CAF du Gard. Le maillage en crèches est d’autant plus important qu’il conditionne l’attractivité économique d’un territoire, tout comme les commerces ou le nombre de médecins. « S’il n’y pas de crèches, les parents ne s’installent pas », souligne Matthieu Perrot. A noter, 5 900 places chez les assistantes maternelles et dans le cadre de gardes d’enfant à domicile sont recensées dans le Gard.
Loi plein emploi de 2023
Le Service public de la petite enfance découle de la loi pour le Plein emploi du 18 décembre 2023. Comprenez, les parents, souvent les mères, doivent pouvoir trouver rapidement une solution de garde afin de reprendre une activité professionnelle. Il a pour objectif de recenser les besoins des enfants âgés de moins de trois ans et de leurs familles ainsi que les modes d’accueil disponibles sur leur territoire.
Les maires seront « acteurs »
Dès janvier 2025, les prérogatives du Département seront renforcées, devenant le garant de la qualité de l’offre de petite enfance. Le Conseil départemental du Gard pourra par ailleurs donner une autorisation de création d’une crèche, contre un simple avis auparavant. Le Département conduira également plus de contrôles afin d’assurer « un service de qualité » . Les édiles deviendront « acteurs » et « autorités organisatrices » et devront établir un plan de développement afin de recenser les besoins actuels et anticiper l’évolution de la demande en crèches. A noter, la petite enfance est une compétence qui peut être à la charge de la commune ou de l’intercommunalité.
« Les élus ne sont pas seuls »
Maryse Giannaccini, vice-présidente déléguée à la Protection de l’enfance, à la Petite enfance au Département, insiste : « il fallait expliquer aux élus qu’ils n’étaient pas seuls ». Ils seront ainsi accompagnés par les chargés de mission au sein du Département et pourront bénéficier d’outils divers. Par ailleurs, huit salariés de la CAF du Gard accompagneront les CAF de l’ex- Languedoc-Roussillon et de Paca, dont un ingénieur financier et des experts de la petite enfance.
Plus de soutien financier et d’accompagnement
Outre l’accompagnement à l’expertise, le financement sera revu à la hausse. « Le reste à charge pour la collectivité sera plus faible », indique Matthieu Perrot. Quid du manque de foncier auquel se heurtent certains édiles ? « Il est possible de réhabiliter des bâtiments, de faire des extensions pour accueillir plus d’enfants. Le problème est plus dans les coûts de gestion et de fonctionnement de la crèche », pointe le directeur de la CAF qui rappelle que cette dernière finance à hauteur de 80% l’investissement pour la création d’une crèche. Il se projette alors dans le temps : « il est vrai qu’avec la baisse de la natalité, certains se questionnent sur l’utilité de construire ».
Quid de la revalorisation de la profession ?
Autre handicap à l’éclosion de crèches, « la faible attractivité de la profession d’assistante maternelle ou directrice de crèche », note Didier Paquette, Président du Conseil d’administration de la CAF du Gard. Le même de constater que des discussions des pouvoirs publics avancent mais que le décalage est important entre les décisions et l’application concrète sur le terrain…